JOURNAL POLITIQUE de Dominique GAMBIER

Signez l'Appel: L'islam bafoué par les terroristes

À l’initiative de Respect Mag, un Appel intitulé « L’islam bafoué par les terroristes », publié dans le quotidien Libération, réunit 70 citoyens de foi, de tradition ou de culture musulmane (ou héritiers de ces références). Respect Mag appelle désormais chaque citoyen à les rejoindre en le signant.

Les signataires y dénoncent «le rapt de leur identité par ceux qui tuent ‘’au nom de l’islam’’. «Ils clament haut et fort leur refus de l'intolérance et des violences commises, de par le monde, à l'encontre de minorités. Et plus fort encore lorsque certains bafouent leur foi ou leur identité en tuant au nom de l’islam.».

Aménagement du temps scolaire : comment concilier les inconciliables ?

« Aménagement du temps scolaire et santé de l’enfant », ce sujet est débattu, dans notre pays, depuis un quart de siècle. Il est clair en effet que l’horizon biologique d’un enfant n’est pas le même que celui d’un adulte.

Faire ce constat ne signifie pas pour autant qu’il faille que l’école s’adapte, de manière mécanique, aux rythmes de l’enfant. Un équilibre doit donc être trouvé pour que le « biologique » ne « se surimpose pas à l’école » ni « entre en contradiction » avec les exigences pédagogiques. Or notre pays se caractérise par une organisation du temps scolaire particulièrement inadaptée aux rythmes de vie des jeunes enfants scolarisés dans le primaire.

La généralisation rapide et sans concertation, à la rentrée 2008, de la semaine de quatre jours dans le primaire a en effet relancé les débats. – récurrents depuis les années 1980 et fortement médiatisés, ces derniers temps, avec la publication de rapports à tonalité critique. – que suscitent l’organisation du temps scolaire en France et ses effets sur les performances scolaires et le bien-être des élèves.

Le législateur ne peut en être absent ; je renvoie ici à un rapport d’information parlementaire qui fait un point intéressant sur cette question.

Il est bien regrettable qu’après la décision unilatérale de 2008, le gouvernement accepte seulement aujourd’hui de rediscuter de cette question, car derrière tous ces changements successifs, cette instabilité, il y a des enfants, des parents qui doivent modifier leur organisation, des maitres que l’on ballotte, des personnes municipaux qui voient leurs horaires modifiées

Téléchargement Rapport sur les rythmes scolaires

Trop de personnes sans domicile, ou ayant des conditions de logement difficiles !

Malgré des progrès réels depuis 50 ans en matière de logement, l’INSEE recensait ces dernières années encore 3 millions de personnes en difficulté pour le logement.

L’INSEE recense ainsi :

- 133 000 personnes sans domicile

- 33 000 en très grande difficulté (entre la rue et les dispositifs d’accueil d’urgence),

- 100 000 accueillies pour des durées plus longues dans des services d’hébergement social ou dans un logement bénéficiant d’un financement public.

- 117 000 personnes, également sans logement personnel, recouraient à des solutions individuelles (38000 en chambres d’hôtel à leurs frais ou 117000 en hébergement par des particuliers).

- 2,9 millions de personnes vivent dans des logements privés de confort ou surpeuplés, le cumul des deux insuffisances concernant 127 000 personnes

Des chiffres pour l’Education Nationale qui parlent d’eux-mêmes !

Si l’Etat couvrait 69,1% des dépenses d’éducation en 1980, il n’en assumait plus que 65,2% en 2000 et seulement 59,2% en 2009. À l’inverse, les collectivités territoriales ont pris une part de plus en plus importante à ces dépenses : 14,2% en 1980, 19,9% en 2000, et 24,6% en 2009.

Et il y a fort à parier que cette tendance se poursuive, voire s’accélère sous l’effet des réformes à l’œuvre pouvant porter d’ici quelques années cette dépense à l’équivalent de la moitié de celle de l’Etat. S’il est vrai que cela se traduit par des bâtiments en bien meilleur état dans les établissements, cela traduit aussi un transfert de charges loin d’être compensé !

Par ailleurs dans un autre registre, le Sénat vient de proposer le transfert de 4 millions d’euros du budget de l’enseignement public à l’enseignement privé sous contrat, soit l’équivalent de 250 postes, contre l’avis de Luc Châtel. Pourtant 95 % des suppressions de postes depuis 2003 ont été supportées par l’enseignement public et le recours aux heures supplémentaires pour compenser ces suppressions de postes a coûté la bagatelle de 120 millions d’euros pour la seule année 2009. Supprimer des postes dans l’éducation nationale, ça coûte cher. Et le Sénat représenterait dit on, les collectivités locales !!!

TEOR à Déville : déjà 10 ans !

Beaucoup d’entre vous, sans doute, se souviennent de l’ampleur des travaux sur la route de Dieppe pour l’arrivée de TEOR, et des difficultés qu’ils ont entraînées, et je le mesure tout particulièrement pour avoir suivi au quotidien ces travaux.

Un anniversaire c’est l’occasion de célébrer quelque chose qui n’a pas toujours existé, qui a été décidé par des élus, qui a un moment donné ont pris leur responsabilité : c’est le cas de TEOR dont on croirait presque aujourd’hui qu’il a toujours existé, et pourtant ! C’est aussi l’occasion d’évaluer les effets de cette décision !

Aujourd’hui, 10 ans après, puisque la mise en route du tronçon demi-lune /mont Riboudet, s’est faite en janvier 2001, le résultat est là : TEOR est un vrai succès !

Ce succès, on le mesure d’abord à travers le nombre croissant des usagers, qui avec TEOR sont à quelques minutes du centre de Rouen.

On le mesure ensuite avec l’intérêt des acteurs de l’immobilier pour construire des logements neufs autour des stations TEOR. Cette attractivité se mesure aussi, hélas pour les acheteurs, mais tant mieux pour les propriétaires, par une valorisation accrue du patrimoine immobilier : cette situation a accéléré bien des rénovations de maisons sur la route de Dieppe !

On peut ajouter, pour ceux qui ont connu la route de Dieppe avant, une sécurité renforcée maintenant : la circulation, même si elle est quelque fois trop rapide, n’a plus rien à voir avec les folies que l’on a connues avec une route de Dieppe trop large. Par ailleurs, la circulation des poids lourds a été réduite.

Des difficultés demeurent pour le stationnement en dépit du nombre de places accru, et des parkings créés : mais plus que TEOR, c’est le nombre de voitures dans chaque ménage qui en est la cause. Heureusement qu’il y a maintenant obligation pour chaque nouveau logement, de créer les places de parking correspondantes.

Un bilan somme toute, apprécié par beaucoup d’habitants, jeunes ou moins jeunes !

Pour en savoir plus sur TEOR comme Bus à Haut Niveau de Service (BHNS)

Retrouvez par ailleurs des extraits de la présentation réalisée par la communauté d’agglomération rouennaise en septembre 2007 dans le cadre du groupe de travail BHNS du Certu .

 

Une Fac dentaire à Rouen : une nécessité réaliste, et pourtant !

L’idée de créer une faculté dentaire à Rouen devrait aujourd’hui passer du rêve à la réalité : pourquoi ? Le nombre de dentistes en Haute Normandie est le plus faible de toutes les régions françaises : 36 pour 100.000 habitants contre 61 en moyenne en France.

La Haute Normandie est hélas, suivie de près par ses 3 voisines : la Basse Normandie (37 pour 100.000), la Picardie (38 pour 100.000) et le Centre (44 pour 100.000). Ces 4 Régions sont les moins bien dotées de France en dentistes. Un hasard ?

Ou forme-t-on les dentistes en France ? Les 1154 jeunes qui commencent des études dentaires le font dans 12 régions seulement. Mais aucune faculté dentaire dans ces 4 régions du nord- : ouest de la France : rien dans le triangle Rennes/Lille Reims (à l’exclusion de Paris bien sur) ! Au dessus de la ligne Rennes/Grenoble, on retrouve (y compris avec Paris) seulement 44% des places pour 56%de la population.

La création d’une fac dentaire à Rouen est une nécessitée, une question d’équité. Sa dimension pourrait être d’au moins 50 places, car :

- le rééquilibrage entre le nord et le sud de la France correspond, à moyens constants à un déficit de 140 places au nord

- Avec 2,8% de la population la Haute Normandie devrait avoir 33places des 1154 places actuelles ; c’est 63 places, si on ajoute la moitié de la Basse Normandie et de la Picardie.

Le gouvernement s’était engagé en 2006, lors des négociations du contrat de projet signé entre l’Etat et la Région, à créer cette faculté dentaire, dans les 4 ans. On comprend que ce ne pouvait pas être fait tout de suite en 2007, mais on est en 2011, et 177 places ont été crées depuis 2007, et aucun signe n’apparaît !

Le gouvernement parle beaucoup de péréquation pour les dotations de l’Etat aux collectivités locales : et bien qu’il commence par doter les Régions de façon équitable pour les missions qui relèvent de sa compétence !

 

L’Expérience norvégienne des quotas de femmes dans les Conseils d’Administration

Est-il besoin de rappeler qu’il y a bien des domaines ou l’égalité entre les hommes et les femmes est loin d’être réalisée. Toutes les sphères de pouvoir en particulier sont concernées : c’est la question de la parité dans le domaine politique. Dans le domaine économique, combien de conseils d’entreprises sont encore très, voir complètement, masculins.

La question des quotas de femmes dans ces conseils a été récemment soulevée : on retrouve spontanément les mêmes arguments pour ou contre, que pour les assemblées élues. La spécificité de ces assemblées m’amène pourtant à évoquer ici l’expérience intéressante menée depuis quelques années en Norvège. Mais je ne peux pas oublier les arguments contre ces quotas, qui dans ce cas particulier ne manquent pas d’invoquer la bourse ! Même les femmes pourraient faire chuter le CAC 40!!!

Les inégalités sont-elles responsables de la crise?

La question des inégalités dans l’explication, la propagation de la crise ne fait pas de doutes. Mais ce constat ne doit pas exonérer les responsabilités du monde de la finance. Il est toujours difficile lorsque des phénomènes sont corrélés de préciser ce qui est la cause et ce qui est la conséquence. Une revue de quelques points de vue récents.

Selon une étude publiée par le FMI, la montée des inégalités aux Etats-Unis expliquerait aussi bien la crise de 2007 que celle de 1929 . Pourtant, rien n'est fait pour inverser la tendance.  C'est la thèse des économistes Michael Kumhof et Romain Rancière. Dans un article publié fin novembre pour le FMI, ils rapprochent la montée des inégalités de celle de l'endettement des ménages.

Les formations par apprentissage sont elles au service d'une démocratisation de l'enseignement supérieur ?

L'apprentissage a fortement progressé au sein du supérieur : en 2008, celui-ci regroupe plus de 20 % des effectifs d'apprentis. Mais l’apprentissage est-il un outil au service de la démocratisation de l’enseignement supérieur ? En d’autres termes, la création d’une « filière » apprentissage (du CAP au diplôme d’ingénieur) permet-elle aux jeunes les plus défavorisés de s’élever au sein de la hiérarchie des diplômes ? Un récent travail de recherche du Cereq apporte des éléments de réponse plutôt négatifs à cette question.

Un premier constat fait tomber le présupposé de l’apprentissage comme « ascenseur social ». Les apprentis du « haut » ne sont pas les apprentis du « bas » : plus le niveau de formation s’élève, plus la proportion d’enfants d’ouvriers dans la population apprentie diminue. Les apprentis du supérieur ont une origine sociale comparable à celle des étudiants.

Plus encore, les apprentis du « haut » n’ont jamais été des apprentis du « bas ». En effet, seuls 12 % des apprentis du supérieur sont issus d’une formation par apprentissage.

La comparaison entre filières révèle que l’apprentissage résiste encore bien plus à la mixité que les formations traditionnelles. L’apprentissage accentue également les inégalités auxquelles sont confrontés les jeunes issus de l’immigration maghrébine. A la différence que, pour ces derniers, l’entrée de ce mode de formation dans le supérieur s’accompagne d’une baisse de leur effectif.

Vouloir accroître les niveaux de formation implique une hiérarchisation des savoirs qui contribue à dévaloriser le « bas », les formations professionnelles (classées aux niveaux V et IV) et à confronter les détenteurs d’un bac pro à un véritable « plafond de verre ».

A cette première forme de hiérarchisation s’en ajoute une seconde induite par les pratiques de sélection des entreprises et des établissements de formation. Le primat accordé à l’entreprise dans le cadre de l’apprentissage conduit à légitimer une sélection axée sur les « manières d’être », tout en participant à sa diffusion au sein même des universités et des IUT

C’est ainsi que les mécanismes de sélection et d’exclusion propres au fonctionnement du marché du travail ne déterminent plus seulement l’accès à l’emploi, mais aussi l’accès à l’éducation.

L’apprentissage est aujourd’hui une stratégie qui tend progressivement à devenir l’apanage des classes intermédiaires contribuant à détourner sa vocation première, celle de permettre à des jeunes d’acquérir un titre de l’enseignement supérieur qu’ils n’auraient sans doute jamais pu acquérir autrement.

Durée du travail : parlez sérieusement des réalités !

Pour information et pour éviter des faux débats je redonne un tableau de l’INSEE, précisant l’importance du Temps partiel et la durée du travail hebdomadaire dans l'Union européenne. La France n’est pas et de loin le pays ou l’on travaille le moins : la durée moyenne effective du travail en 2009 a été de 39,4h !

Le graphique ci-joint que j’avais déjà publié montre clairement la situation comparée de la France et de l’Allemagne : et pourtant, à ce que je sache l’économie Allemande ne se porte pas si mal

Par ailleurs le mouvement de baisse de la durée du travail est continu depuis 60 ans : et les Pays Bas ou l’Allemagne qui travaillaient plus que nous en 1950, travaillent aujourd’hui en moyenne moins que nous.

 J’ai déjà évoqué cette question ici : « Il faut oser débattre des 35heures ! La droite s’emmêle sur les 35 heures et la question de leur suppression. C’est un «acquis important», même si la seconde loi a été souvent «brutale» ; la droite se trompe en en faisant un «bouc émissaire».

Mais il y a un an j’écrivais surtout « l’Urgence : La priorité doit être donnée à la lutte contre le chômage » : un an c’est hélas encore plus urgent