L’abolition de l’esclavage est un long combat qui s’identifie à celui de la République en France, et François Hollande a eu raison de rappeler que « la République est née avec le combat contre l’esclavage car la République c’est l’abolition. 1794-1848. »
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Certes l’esclavage, comme le rappelle Claude MEILLASSOUX, « a affecté tous les continents, simultanément parfois, ou en succession… La traite africaine des esclaves vers le Maghreb, puis en Europe, qui est à l'origine de l'esclavage en Afrique noire, n'a fait que prendre la relève des traites qui duraient depuis des siècles en Asie, sur le continent européen et autour de la Méditerranée. Les Slaves ont fourni leur contingent de "slaves", les Esclavons, d'esclaves, nos ancêtres les Gaulois vendaient régulièrement leurs captifs d'Angleterre aux Romains, les Vikings en capturaient et en vendaient au long de leurs cabotages. Pirates musulmans et chrétiens se capturaient mutuellement... »
Mais si l’esclavage a nécessairement pris des formes diverses , son abolition s’identifie bien en France au combat pour la République, comme l’illustre fort bien le site de l’Assemblée Nationale .
Je retiendrais Quatre grandes étapes.
D’abord le combat de l'Europe des Lumières sur l'esclavage et la traite prépare les idées de la Révolution.
Dans l'esprit des lois, en 1748, Montesquieu combat l'esclavage des nègres. En 1759, dans Candide, avec l'épisode du nègre de Surinam, Voltaire dénonce avec émotion les conditions de vie des esclaves, misérables et terribles, notamment les mutilations barbares infligées à ceux-ci. Bernardin de Saint-Pierre écrit en 1769 : «Je suis fâché que des philosophes qui combattent les abus avec tant de courage n'aient guère parlé de l'esclavage des Noirs que pour en plaisanter. »
En 1770 est publiée clandestinement « l'histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes », de l'abbé Raynal contenant des attaques contre la politique esclavagiste des peuples colonisateurs, contre le clergé et contre l'Inquisition.
Pour Condorcet sous le pseudonyme de Schwarz (noir en allemand), « Il n'y a aucun cas où l'esclavage, même volontaire dans son origine, puisse n'être pas contraire au droit naturel. »
En février 1788, est Crée à Paris par Brissot et Clavière ,la Société des Amis des Noirs, ayant pour objet l'abolition de la traite et de l'esclavage (Mirabeau, Condorcet, Lavoisier, l'abbé Grégoire,…). Le règlement de la société est rédigé par Condorcet. S'assignant pour but essentiel l'abolition de la traite la société diffuse avant la réunion des États généraux des brochures contre la traite et l'esclavage et tente d'influencer le ministère de la Marine.
La seconde étape est celle de la Révolution. D’abord Le 26 aout 1789, la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen affirme dans son article premier : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».
Mais les colons refusent d'appliquer aux mulâtres le droit de vote que le décret de l'Assemblée nationale du 28 mars 1790 accordait aux hommes libres âgés de vingt cinq ans .
Le 22 août 1791 éclate une grande insurrection de près de 50 000 esclaves et Toussaint Louverture, esclave noir affranchi, prend la direction de l'armée noire.
L'île de Saint-Domingue envoie à Paris, à la Convention, un député blanc, Louis-Pierre Dufay, un mulâtre libre, Jean-Baptiste Mills et un ancien esclave noir, Jean-Baptiste Belley. Les trois députés se présentent à la Convention le 15 pluviôse an II (3 février 1794).
Au discours de Dufay, relatant l'oppression et l'humiliation des esclaves et les affres de leur condition, succède celui de Danton défendant, sous les applaudissements, l'extension au nouveau monde de « la liberté universelle » et la Convention décrète l'abolition de l'esclavage, le 4 février 1794.
Mais le 20 mai 1802, par la loi du 27 floréal an X , Bonaparte, Premier consul, rétablit l'esclavage et la traite : « conformément aux lois et règlements en vigueur avant 1789 » et, dispose que la « traite des Noirs » aurait lieu aussi « conformément aux lois et règlements existants avant ladite époque de 1789 » (application du Code noir). Des forces expéditionnaires sont envoyées à Saint-Domingue et en Guadeloupe.
Il faut attendre une troisième étape, avec les offensives du duc de Broglie, de Lamartine, de Tocqueville, Victor Schoelcher, pour qu’enfin le 4 mars 1948 le Gouvernement provisoire établisse le principe selon lequel : « Nulle terre française ne peut plus porter d'esclaves ». Victor Schoelcher est nommé « sous-secrétaire d'État chargé spécialement des colonies et des mesures relatives à l'abolition de l'esclavage ».
Une commission pour l'émancipation des esclaves dans toutes les colonies de la République est instituée et le décret d'abolition du 27 avril 1848, affirme : « l'esclavage est un attentat contre la dignité humaine ; [...] en détruisant le libre arbitre de l'homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ; [...] il est une violation flagrante du dogme républicain : Liberté, Égalité, Fraternité. L'abolition de l'esclavage s'applique dans toutes les colonies et possessions françaises dans les deux mois de la promulgation du décret dans chacune d'elles. 250 000 esclaves noirs ou métis aux Antilles, à la Réunion et au Sénégal sont ainsi libérés. L'article 7 précise que « Le sol de France affranchit l'esclave qui le touche. »
Victor Schoelcher, est élu représentant du peuple à la Guadeloupe et à la Martinique. Optant pour la Martinique, il fait ainsi entrer à l'Assemblée nationale constituante son colistier guadeloupéen Louisy Mathieu, un ancien esclave âgé de trente et un ans, ayant pour suppléant Henri Wallon.
La quatrième étape est celle de la mémoire.
Le 10 mai 2001 est adoptée à l’unanimité par le Sénat en 2001 la loi TAUBIRA, dans laquelle pour la première fois, la République reconnait la réalité de l’esclavage et la considère comme un crime contre l’humanité.
2004 Sera l’Année internationale de commémoration de la lutte contre l'esclavage et de son abolition proclamée par l'assemblée générale de l'ONU.
Le 30 janvier 2006 la date du 10 mai est retenue pour la commémoration en France métropolitaine de l'abolition de l'esclavage.
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