JOURNAL POLITIQUE de Dominique GAMBIER

Débat sur les retraites: réfléchir et agir

Dans le débat sur les retraites, deux sources d’information et de réflexion utiles :

- Le Conseil orientation des retraites qui est un lieu permanent d'études et de concertation entre les principaux acteurs du champ des retraites. Il suit l'évolution des régimes et fait des propositions pour assurer leur solidité financière et leur fonctionnement solidaire. Vous y trouverez entre autres le Rapport de janvier 2010 et celui qui a été publié il y a quelques jours.

- Des interviews de Nicolas Duvoux et Audrey Williamson, parus dans la Vie des Idées, qui proposent une série d’entretiens avec des chercheurs, autour des questions suivantes :

• Pouvez-vous établir un diagnostic général du système des retraites français ?

• Quels sont selon vous les principaux enjeux de la réforme du système des retraites ?

• Sur quels paramètres la réforme peut-elle porter ?

• Quel est selon vous le rôle des partenaires sociaux dans l’élaboration d’un compromis en France sur cette question ?

• Dans ces débats quel usage est fait et peut-on faire de la comparaison internationale ?

Thomas Piketty, Bruno Palier, Anne-Marie Guillemard et Louis Chauvel ,chacun avec leur spécificité, se sont prêtés à ces interviews

La Commission lance un débat public sur l'avenir de la politique agricole commune

L'agriculture traverse une crise sans précédent ,marquée par une baisse considérable des revenus des agriculteurs, déja évoquée ici.

Dans le même temps s'est engagée une réflexion déja évoquée aussi ici, sur la future politique agricole commune.

Enfin le nouveau traité de Lisbonne prévoit une procédure de codécision sur la PAC qui va porter le débat au parlement européen.

C'est dans ce triple contexte que le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolo, a annoncé le lancement jusqu'au mois de juin 2010 d'un débat public sur l'avenir de la politique agricole commune (PAC). M. Ciolo a estimé qu'il était important que le débat parle des objectifs de la PAC et qu'il prenne en compte les attentes de la société de la PAC pour l'avenir, afin d'éviter que ce ne soit qu'une affaire de spécialistes .

Il prévoit que le débat s'organise autour de quatre questions stratégiques:

1) Pourquoi une politique agricole commune européenne ?

2) Quels sont les objectifs que la société assigne à l'agriculture dans toute sa diversité ?

3) Pourquoi reformer la PAC actuelle et comment faire en sorte qu'elle réponde aux attentes de la société ?

4) Quels outils pour la PAC de demain ?

Le commissaire a plaidé pour une réforme de la PAC, qui selon lui, devrait prendre en compte le besoin de trouver certains instruments " pour pouvoir intervenir dans des situations de crise, ou même anticiper de telles situations ". M Ciolo souhaite faire de des attentes des citoyens un outil d'avenir pour les agricultures de l'UE.

Depuis trente ans les grandes entreprises concentrent de plus en plus d’emplois

Dans une note récente, l’INSEE constate que les salariés du secteur privé travaillent aujourd’hui dans des entreprises plus grandes qu’il y a trente ans, quel que soit le secteur d’activité.

Cette évolution s’est faite au détriment des entreprises de taille moyenne, alors que les petites entreprises concentrent toujours autant de salariés. Paradoxalement, cet accroissement de la concentration de l’emploi s’est accompagné d’une diminution moyenne de la taille des lieux de travail (établissements).

Cette situation résulte de deux mouvements opposés : baisse de l’emploi dans les grands sites industriels, forte progression de l’emploi dans le secteur des services au sein de petits établissements. Dans le commerce de détail, les points de vente prennent de plus en plus d’ampleur avec le développement des grandes surfaces.

Au Sommaire :

- En 2006, 33 % des salariés travaillent dans une entreprise de plus de 1000 salariés

- L’industrie : des établissements plus petits, dans des entreprises plus grandes

- Services aux entreprises : le développement des grandes entreprises accompagne l’envolée de l’emploi

- Commerce de détail : un mouvement généralisé vers la concentration

Poles de compétitivité : logique de réseau ou logique de proximité?

Dans un article du Nouvel Economiste du 8 avril ,la question de la coordination des pôles de compétitivité est posée sous le nom d'Interclustering".

Interviewé par le journaliste sur ce point, je plaide pour une logique de proximité pour les Régions laissant à l'État la responsabilité de mettre en place une logique de réseau dans le cadre d'une nouvelle politique industrielle; Mais comment concilier ces deux logiques tant du point de vue de l'organisation que des financements. Je plaide pour une logique de proximité car c'est de la proximité que nait l'innovation : je vous laisse découvrir l'article.

Téléchargement Pôles de compétitivité; logique réseau ou logique de proximité

Le multilinguisme est un humanisme

« La langue de l’Europe, a dit Umberto Eco, c’est la traduction ». Dans un essai aux résonances politiques, François Ost prend les armes pour la diversité des langues et leur irréductibilité. La traduction a lieu d’abord à l’intérieur d’une même langue, et doit s’affranchir du mythe de la langue unique. 

A lire : François OST, Traduire. Défense et illustration du multilinguisme, Fayard « Ouvertures », 2009. 421 p.

 Dans une une note de "La vie des idées", Leyla DAKHLI montre que le livre de François Ost, comme l’indique son titre, est une plaidoirie. Mais il ne s’agit pourtant pas d’un traité polémique contre le ‘tout anglais’ qui voudrait prendre la défense des langues minoritaires, comme on en a vu fleurir. C’est une réflexion approfondie sur la (les) langue (s) que notre monde devrait parler pour répondre à notre désir d’universel tout en se nourrissant de nos diversités.

Téléchargement Le multilinguisme est un humanisme

Les Européens demeurent matérialistes

Alors que de nombreux sociologues pensaient que nos sociétés européennes étaient devenues « post-matérialistes », il semblerait, selon une enquête Eurobaromètre, que les Européens restent particulièrement préoccupés par des valeurs matérielles, tendance accentuée par l'effet de la crise.

 

La Commission européenne avait commandé un sondage TNS à travers l'Union européenne au début de la crise qui révélait que le post-matérialisme avait baissé par rapport à la précédente enquête de ce genre en 2005.

 

Par ailleurs, la moitié des Européens refusent d'accorder « plus d'importance aux loisirs plutôt qu'au travail » alors que c'était le cas en 2005. On constate des variations selon les pays européens. Ainsi les pays davantage développés comme la Suède et le Danemark seraient plus détachés par rapport aux valeurs matérielles.

 

Cet Eurobaromètre présente également les principaux critères du bonheur pour les Européens. En première position la santé avec 73% des réponses suivi de l'amour (44%), du travail (37%), de l'argent (32%), de l'amitié (27%), du plaisir (10%) et de la solidarité (6%).

Politique fiscale 2002-2009 : la contre réforme

Daniel Vasseur, économiste, et Thomas Chalumeau, coordinateur du pôle "économie et finances" de Terra Nova dressent le bilan de la politique fiscale menée en France depuis 2002 dans une note intitulée : Politique fiscale 2002-2009 : la contre réforme.

Elle se caractérise par une logique étonnante de « redistribution à l’envers » : 20 milliards d’euros par an, plus d’un point de la richesse nationale, sont pris chaque année aux classes moyennes pour être redistribués aux ménages les plus aisés. Les conclusions de leur étude sont sans ambigüité :

1. Il n'y a pas eu de baisse des impôts en France depuis 2002 contrairement au discours gouvernemental

2. La politique fiscale est marquée par une forte baisse des impôts au profit des ménages les plus aisés

3. Cette redistribution est également financée par les prélèvements sur les jeunes, et les générations futures

4. La politique fiscale a été orientée vers la rente, en contradiction avec l’objectif affiché de revaloriser le travail.

5. La politique fiscale s’avère d’une grande continuité.

6. La politique fiscale a significativement accru les inégalités dans notre pays, renforçant des inégalités de marché qui sont pourtant déjà en croissance importante.

Une politique fiscale peut être jugée à l’aune de plusieurs objectifs. Objectif social : la politique fiscale corrige-t-elle les inégalités ? Objectif économique : la politique fiscale contribue-t-elle au soutien de la croissance et de l’emploi ? Objectif de lutte contre les externalités négatives : la politique fiscale participe-t-elle, notamment, à la préservation de l’environnement et à la lutte contre le réchauffement climatique ? Objectif budgétaire : la politique fiscale assure-t-elle un financement sain des finances publiques.

Sur aucun de ces objectifs, la politique fiscale des gouvernements conservateurs, d’une grande continuité depuis 2002, n’apparaît satisfaisante. Elle s’apparente même à une véritable contre-réforme en matière sociale.

Elections régionales : quelles réflexions pour les élections à venir?

Des récentes élections, il me semble que l’on peut retenir plusieurs choses pour les élections à venir :

 L’électorat flottant augmente : Si on ajoute abstentions, votes blancs ou purement protestataires, on s’aperçoit que prés de 70% de nos concitoyens ne rentrent plus dans le jeu démocratique traditionnel. Si on ajoute le fait qu’une récente enquête indiquait que prés de 25% des électeurs n’avaient pas fait de choix définitif lorsqu’ils quittent leur domicile pour aller voter, on mesure l’ampleur de ce « flottement »

Le décalage avec les médias s’accroit : Déjà perceptible au moment du référendum sur l’Europe ou des élections européennes, on a le sentiment que les médias ont leurs propres sujets de préoccupation, et qu’ils ne fonctionnent plus sur les mêmes dynamiques que les électeurs

L’idéologie s’estompe de plus en plus : Les références traditionnelles droite/gauche sont vécues comme de moins en moins pertinentes ; l’actualité immédiate, comme les problèmes individuels ponctuels, pèsent de plus en plus sur la détermination à un moment donné de l’électeur.

Certes une campagne d’élections régionales a ses spécificités, mais les tendances sont là : le divorce entre le Président, et ses méthodes est bien là, et le risque est réelle qu’il déborde sur tous les responsables politiques ; le divorce entre le discours politique et le vécu ne fait qu’augmenter.

Il faut recréer un désir collectif comme l’a fait avec succès Obama, retrouver une place à l’intérêt général ou le citoyen se retrouve « responsable » : ce sont des enjeux majeurs pour les élections présidentielles de 2012

Comment Déchiffrer la violence

Dans un entretien passionnant,le sociologue Laurent Mucchielli décrypte les énoncés politiques relatifs à l’évolution de la délinquance et dévoile le mode de production des chiffres officiels. Cette déconstruction méthodologique du discours sécuritaire implique une reconstruction scientifique de la perception sociale des phénomènes de violence.

Laurent Mucchielli est sociologue et historien de formation. Directeur de recherches au CNRS, il travaille au CESDIP (Centre de recherches sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales) dont il a été le directeur pendant 6 ans (2004-2009).

Au Sommaire des questions abordées dans cet entretien:

• Quelle est la réalité des chiffres de la délinquance d’un point de vue sociologique ?

• Les délinquants sont-ils de plus en plus jeunes et de plus en plus violents ?

• Comment produit-on des chiffres de la délinquance ?

• Observe-t-on une évolution dans les réponses apportées à la délinquance ?

• Peut-on parler d’une crispation des rapports entre la police et une partie de la population ?

• Qu’est-ce que le réseau Claris et quelle est sa vocation dans le débat public ?

• Comment reconstruire une analyse de la délinquance ? • Pourquoi refuser ce débat sur l’identité nationale ?

Deux textes à lire : L'adieu au PCF de l'historien Roger Martelli, et la Lettre de Stéphane Hessel

Dans le débat qui doit s’ouvrir à gauche, deux textes sont à verser au débat :

D’abord, celui de l’'historien Roger Martelli, une des figures du courant interne dit des "refondateurs", qui quitte le PCF avec plusieurs de ses amis dont le député Patrick Braouezec ou le philosophe Lucien Sève. Il en explique les raisons dans La fin d'une époque, publié par Médiapart.

Puis celui de Stéphane Hessel, diplomate, qui est l'un des créateurs de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Dans un courrier adressé au forum Enfant aujourd'hui, Citoyen demain  à Montpellier, il appelle à faire revivre les valeurs du Programme du Conseil national de la résistance. «Résister, comme l'a dit Raymond Aubrac sur le plateau des Glières le 17 mai 2009, c’est reconnaître une injustice et décider de ne pas en rester là. D’agir contre cette injustice. C’est plus ou moins dangereux selon les gestes, les époques, mais c’est tout à fait comparable.»