Faut-il considérer que, dans un régime démocratique, la majorité a toujours raison ? Est-ce que les décisions qu’elle prend sont justes et pertinentes ? Ne faut-il pas, au contraire, suivre l’avis des experts ? La réponse de David Estlund dans son livre "L’autorité de la démocratie : Une perspective philosophique", Hermann, 2011, est originale : la démocratie est selon lui un régime à la fois légitime et performant. Juliette Roussin nous en donne quelques aperçus pour la Vie des idées.
Tout d’abord, comment la procédure démocratique tend-elle à produire la bonne décision ? Deux réponses ont historiquement été apportées à cette question : dans le théorème du jury, Condorcet démontre que, si certaines conditions sont remplies, plus les décideurs sont nombreux, plus le groupe a de chances de prendre la bonne décision, en vertu de la loi des grands nombres ; avant lui, certains développements d’Aristote suggèrent que la collaboration et la discussion d’individus divers, dont certains peuvent isolément avoir une capacité épistémique médiocre, favorisent une décision collective plus avisée que celle de quelques sages.
Deuxièmement, pourquoi la procédure démocratique est-elle acceptable par tous ? Parce qu’elle est la seule procédure de décision à laquelle personne n’a d’objection valable à opposer : au contraire des modes de décision qui accordent plus de poids à l’avis de certains en raison de leurs caractéristiques physiques, sociales, ou intellectuelles, la règle de décision à la majorité des voix, où chaque membre de l’association politique dispose d’une voix égale, réalise l’égalité des membres parce qu’elle les traite tous avec une considération égale et qu’en particulier, elle ne fait pas de distinction « blessante » entre les intelligences
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