Ce vendredi 13 n’a pas porté chance à notre pays. Mais il est vrai que la perte du triple A n’est pas une question de chance mais le résultat d’un processus prévisible dont on n’a pas à se réjouir.
On peut toujours critiquer le travail des agences de notation, et avec raison car elles n’ont pas été très perspicaces par le passé, mais casser le thermomètre n’enlève pas le problème : quand on n’a pas assez d’argent, il faut emprunter et donc trouver des préteurs à qui il faut faire confiance!
Toujours est-il que, comme le dit avec raison François Hollande, "ce sont (...) les Français qui risquent de payer la conséquence de cette dégradation". Cette situation résulte de choix fiscaux ou la baisse des recettes fiscales et la prolifération des niches fiscales sont devenue la règle, d’une dérégulation des finances depuis trop d’années qui rend fous les marchés. Comment s’étonner d’une telle situation quand la dette du pays augmente de 40% en 5 ans ? C’est une politique qui est dégradée car comme le dit Jacques Attali, « tous les moyens étaient disponibles pour l'éviter".
Mais cette réalité s’impose à nous maintenant il faut y faire fasse. Si la France a perdu son triple A, François Hollande veut lui donner un triple C : confiance-cohérence-calme. Les conséquences immédiates vont être d’abord de fragiliser les dispositifs mis en place par l’Europe. Mais surtout cette décision va pousser à la hausse les taux d’intérêt et rendre le crédit plus difficile ce qui va affaiblir encore un peu plus l’activité économique. Valérie Pécresse, avait estimé pour sa part à la fin de l'été que « si on le perdait (le triple A), immédiatement on emprunterait plus cher, nos taux d'intérêt augmenteraient et ça nous coûterait à peu près 5 milliards d'euros par an.... »
Il faut d’urgence doter l'Europe d'euro-obligations et la Banque Centrale de moyens nouveaux comparables, à ceux de la réserve fédérale américaine. Il faut mettre sur pied un budget européen qui relance l’activité. A l’autre bout il est urgent de ré-ouvrir les crédits aux collectivités locales qui représentent les trois quarts de l’investissement public, mais qui aujourd’hui ne peuvent emprunter : les retards dans la mise en place de l’agence de financement des collectivités locales sont à cet égard une nouvelle faute gouvernementale. Plus l'activité ralentira, plus la dette augmentera!
En matière bancaire il faut une réforme profonde des banques qui séparent les activités spéculatives des activités de placement des particuliers.
Seul un pouvoir fédéral en Europe pour l'économie, la finance et la monnaie, aura l’autorité nécessaire pour décourager la spéculation.
C’est en tout cas un évènement à moins de 100 jours de l’élection présidentielle dont personne ne peut vraiment prédire les effets ! Le risque n’est pas qu’économique, il est aussi démocratique, car "un spectre hante l'Europe, c'est le populisme qui surfe sur les peurs légitimes de nos concitoyens !
Pour en savoir plus :
Perte du triple A selon Terra Nova Les 10 Conséquences potentielles de cette perte du triple A
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