Le chômage atteint un taux inédit depuis 1999, mais dans le même temps les salariés français, incités par l'Etat, n'ont jamais effectué autant d'heures supplémentaires. Cherchez l'erreur…c’est la question que pose Guillaume Duval, dans Alternatives Economiques
Pour la première fois depuis 10 ans, le chômage a de nouveau touché 10 % de la population active en France au quatrième trimestre 2009. En février dernier, 4 425 000 personnes étaient inscrites à Pôle emploi à un titre ou à un autre, soit 17 % de cette même population active, et mois après mois, leur nombre continue de s'accroître.
Dans le même temps, le ministère du Travail vient de nous apprendre que les salariés qui occupent un emploi n'ont jamais effectué autant d'heures supplémentaires qu'au quatrième trimestre 2009 : 10,5 heures en moyenne par personne dans les entreprises de plus de dix salariés, soit 1,7 heure de plus qu'au troisième trimestre 2009 et 0,6 heure de plus qu'au même moment de l'année 2008. Un record.
Cette situation aberrante est liée aux subventions massives accordées aux heures supplémentaires depuis la loi en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat (Tepa) de 2007. Nous vivons en effet dans un pays qui consacre toujours 4 milliards d'euros d'argent public, 0,2 % des richesses produites chaque année, à inciter salariés et entreprises à faire des heures supplémentaires au lieu d'embaucher des jeunes et des chômeurs. Un emploi coûte en moyenne 40 000 euros par an, y compris les charges sociales.
Avec ces 4 milliards d'euros, l'Etat pourrait donc financer entièrement 100 000 emplois nouveaux. Au lieu de cela, grâce à ces subventions massives, les 167 millions d'heures supplémentaires enregistrées au troisième trimestre 2009 représentent l'équivalent de 420 000 emplois à temps plein… Même si ce raison macroéconomique devrait être précisé,c'est un scandale qu'il y aurait urgence à faire cesser.
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