Gérard Fuchs, dans une note de la Fondation Jean Jaures, appelle la gauche européenne à exprimer fortement et efficacement sa solidarité : une nécessité pour la réussite des transitions démocratiques en Egypte ou en Tunisie et un besoin pour les combats en cours dans les autres pays de la région.
Après avoir établi un parallèle entre les événements actuels et la chute du mur de Berlin dans leur dimension historique et leurs incidences géopolitiques, Gérard Fuchs rappelle utilement la situation en Algérie, en 1991 : après l’arrêt brutal du processus électoral, à la suite du premier tour des élections législatives qui avait placé le FIS (Front islamique du salut) largement en tête et rendu sa victoire inéluctable, nombre de dirigeants européens – dont les autorités françaises, malgré d’importants débats au sein de la gauche alors au pouvoir – avaient préféré le statu quo politique et choisi le soutien au régime en place comme rempart contre la « menace » islamiste et garant du sacro-saint principe de la stabilité politique. Cette approche politique allait se généraliser à l’ensemble des régimes de la région jusqu’aux récentes révolutions égyptienne et tunisienne.
Après un rapide rappel des similitudes et distinctions – déjà largement commentées ailleurs – entre les différents régimes arabes, Gérard Fuchs met en avant le dynamisme et le courage des acteurs de ces révolutions, s’appuyant sur différentes anecdotes révélatrices, ainsi que le rôle important des NTIC.
Il s’interroge enfin plus longuement sur le soutien que pourrait et devrait apporter la gauche française et européenne à ces mouvements. Comment soutenir les printemps arabes ? Les «sujets qui fâchent » devraient être abordés et traités sans tabou et ainsi faire l’objet de propositions claires, volontaire et assumées. Il pense ainsi aux questions liées à l’immigration, à internet en particulier et aux NTIC en général et à leur censure, mais aussi aux revendications sociales, sujet légitime et essentiel lié à la problématique des investissements étrangers et à celle des délocalisations.
Plusieurs autres réflexions sont intéressantes sur ces sujets :
ASSISTE-T-ON AUX RETROUVAILLES FRANCO BRITANNIQUES? telle est la question que se pose une note récente de Télos. En 1956, la France et la Grande-Bretagne prises par un souci d’orgueil colonial cherchèrent à renverser le colonel Nasser qui venait de nationaliser le canal de Suez. Aujourd’hui, dans un contexte politique radicalement différent, ces deux pays se retrouvent en pointe pour mettre fin au régime de terreur du colonel Kadhafi. Il n’y a dans ces retrouvailles aucun hasard. Le cycle historique ouvert à Suez en 1956 s’est refermé à Benghazi en 2011.
LA PLACE CENTRALE DES JEUNES : POURQUOI? C'est ce qu'évoque une autre note de newropeans-magazine . Avec l’occupation des places des grandes villes, Place Tahrir au Caire, place de la Puerta del sol à Madrid, place de Catalogne à Barcelone, Place Syntagma à Athènes, Place Rossio à Lisbonne, c’est toute la notion d’espace publique qui reprend sa valeur et sa saveur. Et du même coup se pose avec fraîcheur, la question de la cité, de la démocratie en actes : "Je me révolte donc nous sommes" Bien avant l’ère de Facebook et de Twitter, Albert Camus avait reconnu que la révolte passe inévitablement de l’individu à une réponse collective. Dans l’épreuve quotidienne, écrit-il : « La révolte joue le même rôle que le cogito dans l’ordre de la pensée. » On le sait, le chômage des diplômés est le moteur de cette révolte. En août 2010, un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) a brutalement mis en garde contre l’émergence d’une " génération sacrifiée " au niveau mondial. Sur 620 millions de jeunes économiquement actifs, 81 millions étaient sans emploi à la fin de l’année 2009, un niveau jamais atteint. Le rapport pointe en particulier une sévère dégradation dans l’Union européenne où le taux de chômage des jeunes atteint des proportions jamais atteintes. Ainsi en Espagne près de la moitié des moins de 35 ans sont au chômage. Mais cette révolte est bien plus qu’une réaction au déclassement social, elle a un parfum d’utopie, au bon sens du terme.
MAROC: LA PRATIQUE TRANCHERA? c'est la conclusion d'une note de Télos suite aux propositions du Roi Mohammed VI Le projet constitutionnel qu'il a présenté est une réorganisation sensible de l’architecture institutionnelle du pays . Certains se réjouissent déjà de ce texte, d’autres en soulignent les limites. Il n’est guère possible de trancher entre ces deux interprétations, car en définitive c’est la pratique qui fera éclore ou au contraire bloquera les potentialités de ce nouveau texte, pour savoir s’il ne va pas assez loin ou s’il crée de réelles potentialités
L'ALGERIE : UNE EXCEPTION ARABE ? Jeune Afrique fournit un dossier très documenté sur ce qui apparait comme une exception algérienne. A bien des égards , tous les éléments sont réunis comme au Maroc, en Tunisie, en Egypte ... et pourtant ? Alors?
ÉGYPTE : REPLÂTRAGE OU RÉVOLUTION ? telle est l'interrogation d'une note de Télos sur ce pays. Alors que le roi du Maroc vient de proposer une refonte globale de la constitution, les amendements constitutionnels égyptiens paraissent bien modestes. Ils portent sur les conditions de participation à l’élection présidentielle, la limitation de la durée du mandat du chef de l’État – deux fois quatre ans au plus, la réglementation de l’état d’urgence et les modalités de la révision constitutionnelle. Pour l’essentiel, il s’agit des réformes proposées par Hosni Moubarak avant qu’il ne soit forcé de quitter le pouvoir
À QUOI JOUE L’ARMÉE ÉGYPTIENNE ? Cette note de Télos va plus loin ici sur le rôle de l'armée. La mise en avant des crimes attribués à la famille Moubarak peut occuper l’opinion publique un certain temps. C’est probablement le calcul des militaires et de leurs alliés. Mais cette gestion tactique de la révolution égyptienne cache de plus en plus mal l’immobilisme des élites. La réussite de cette opération implique de faire peser la responsabilité de tout ce qui ne va pas, non sur l’armature institutionnelle et l’ordre social du pays, mais sur un « clan » d’accapareurs. Les problèmes économiques et les considérables déséquilibres sociaux de l’Égypte ne sont pas la conséquence de la prédation attribuée au « clan » Moubarak.
PRINTEMPS ARABE : DES EUROPÉENS SANS EUROPE! Cete note de Télos évoque la place ambigue de l'Europe dans ce paysage. Il y a six mois commençait à Tunis le printemps arabe. C’est un événement géopolitique majeur, s’apparentant beaucoup au printemps des peuples européens de 1848 : des révolutions sans leader, des revendications centrées autour du respect des libertés individuelles et collectives, une influence décisive des couches urbaines, la puissance de la contagion et... de la contre-révolution. Beaucoup d’observateursy ont vu un enjeu géopolitique qui concernait d’abord et avant tout l’Europe, pour des raisons géographiques et historiques évidentes. Les États-Unis sont très présents, mais pour des raisons de politique intérieure, ils cherchent à donner l’impression de ne pas trop s’y impliquer. Pourtant, dans l’engagement de l’Europe il y a un immense paradoxe : les Européens sont bien présents, mais l’UE est totalement absente.
LA TUNISIE ET LA TRAGÉDIE ARABE : A travers cete note de Télos c'est la place de l'économie qui est examinée. Pendant longtemps, les régimes arabes ont cherché à légitimer leur pouvoir et à justifier l’absence de démocratie par le fait qu’ils privilégiaient d’abord et avant tout le développement économique. Aujourd’hui on se rend compte que cet argument ne tient plus. Il n’y a dans le monde arabe ni développement ni démocratie. Cette réalité a pour conséquence d’entraîner une marginalisation sans précédent de cette région du monde dans tous les grands débats internationaux. Les causes profondes de ce déclassement n’ont d’ailleurs jamais été réellement analysées. Et pour cause : dans tous les pays arabes l’absence de libertés publiques et l’effondrement des systèmes éducatifs rendent cet exercice intellectuellement difficile et politiquement périlleux.
Et finalement , Les crises favorisent elles les réformes ? c'est la question qui se pose dans cette nouvelle note de Télos. Des réflexions dont beaucoup nous concernent nous mêmes !
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