J’ai lu avec intérêt la note de C.Wyplosz chez Telos intitulée «le modèle Allemand est mité». Il y évoque la situation économique et sociale de l’Allemagne en des termes assez négatifs et différents de ceux que nous évoquions dans une précédente note qui s’appuyait sur le point de vue de Antonio Vittorino qui disait que « Le problème de l’Allemagne n’est pas d’avoir raison mais de devoir apprendre comment avoir raison ».
Bernard Deladerrière, Président du Mouvement Européen de Seine Maritime m’a adressé une réaction au diagnostic de C.Wyplosz. Avec son autorisation je la publie ici car elle me parait intéressante.
« L’argumentaire de C.Wyplosz n'est pas totalement convainquant, et même partiellement fallacieux. On pourrait le reprendre un peu dans le détail :
- la dette de l'Allemagne a au moins une origine valable : la réunification (transferts de l'ordre de 1.500 milliards par an jusqu'en 2019) ;
- montée du chômage à venir : En Allemagne, c'est le contraire qui se dessine pour les mois à venir malgré un PIB dont la croissance va se réduire encore sensiblement en 2012 (pas de relance spéciale) ;
- indiscipline fiscale : on ne peut pas dire qu'A.Merkel et W.Schäuble n'aient pas pris quelques mesures spectaculaires pour contrer les fraudeurs (Lichtenstein et Suisse) et C.Wiplosz devrait parler de l'attitude de la Suisse... (Qu'entreprend la France réellement ?) ;
- professions protégées : de moins en moins en Allemagne qui va manquer de personnel qualifié dans de nombreux secteurs, et puis il y a une législation européenne sur ces questions ;
- "pourquoi les marchés ne s'inquiètent-ils pas ?" : Le budget allemand sera pratiquement à l'équilibre l'an prochain ; le déficit a été réduit de façon spectaculaire ; C.Wiplosz répète à plusieurs reprises "peut-être", comme s'il ne connaissais pas le consensus qui existe en Allemagne, y compris chez les syndicats, sur la question de l'équilibre budgétaire. Le SPD a d'ailleurs voté la "règle d'or" à l'allemande en 2009...
- pourquoi vouloir "coller" le modèle américain au projet européen. A.Merkel parle d'union politique en Europe, et le modèle est l ' "économie sociale de marché" : voilà sa "bible", largement partagée par les Allemands, même si l'économie financière est venue bousculer cette réalité...avec le succès que l'on voit depuis 2007 !
- Last but not least ! En mai 2010, ce sont avant tout Sarkozy et Obama qui ont forcé la main aux Allemands, qui "ont poussé très fort" pour les obliger à "sortir des clous" (cf. la démission d'A.WEBER et de Jürgen STARCK).
Mais à part tout cela, il est bien évident que les Allemands ne sont pas des enfants de cœur et totalement innocents et qu'ils défendent d'abord leurs intérêts... »
Un point commun ,hélas entre ces deux points de vue, l’Allemagne défend d’abord ses intérêts , comme le font d’ailleurs chaque pays, et c’est de cette absence de vision commune européenne dont nous souffrons le plus aujourd’hui!
Sur ces questions , voir aussi la conférence de jacqueline Hénard : "Que veut l'Allemagne?"
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