JOURNAL POLITIQUE de Dominique GAMBIER

Libéralisation de la carte scolaire : un remède pire que le mal

La rentrée des classes a révélé l'inquiétude des acteurs de l'éducation face aux réformes comptables engagées par le gouvernement. Agnès van Zanten, dans une note pour Terra Nova, tire le bilan de la libéralisation de la carte scolaire, mise en place par le gouvernement depuis la rentrée 2007.

Cette réforme n'a pas résolu les défaillances rencontrées par le passé : elle les a au contraire aggravées. Créée au début des années 1960 pour accompagner l’expansion et l’ouverture de l’enseignement secondaire, la carte scolaire est cependant aujourd’hui fragilisée.

Elle connaît une triple défaillance : elle ne concerne que le secteur public d’abord . Mais le fait le plus marquant est que le rôle social de la carte scolaire s’est inversé : du fait de la montée en puissance de la ségrégation urbaine, elle est devenue, depuis les années 1980, un des dispositifs les plus favorables à la reproduction sociale. Enfin, la carte scolaire est mise en œuvre de façon souvent inéquitable par les administrations locale.

La réforme de 2007 de libéralisation de la carte scolaire a étendu la compétition à tous les niveaux. A cet égard, les premières études montrent que cette réforme a encore contribué à déséquilibrer le système par l’apparition de deux phénomènes nouveaux : une ségrégation interne aux établissements (renforcement des classes de niveau dans le but de retenir leurs meilleurs élèves) et l’exclusion plus massive d’élèves perturbateurs ou en grande difficulté par des établissements pouvant espérer, grâce à la nouvelle procédure, des meilleures recrues en provenance d’autres établissements.

Selon l'auteur, il est nécessaire de développer d'autres moyens de régulation pour voir enfin émerger une véritable mixité scolaire.

Voir aussi Le point de vue de Pierre Merle, Professeur de sociologie, dans l’observatoire des inégalités

L'école en Europe

La MAIF a réalisé une série de fiches intéressantes sur le système éducatif dans quelques pays d’Europe : des comparaisons instructives !

Le système éducatif en Grèce  . L'enseignement en Grèce est exclusivement de la responsabilité de l'État.

Le système éducatif portugais et les enseignements de rattrapage. L'économie portugaise se caractérise par un poids relativement élevé du secteur primaire…

Regards sur le système scolaire suédois  . Le système scolaire suédois est porteur de l'idéal égalitaire caractéristique de l'ensemble de la société suédoise...

Vers plus d'écoles maternelles en Pologne  . En 1999 et 2009, des réformes majeures du système éducatif polonais ont été réalisée : elles ont entraîné de profonds changements dans la structure scolaire et les programmes d'études.

Le système éducatif anglais : "des enseignants très impliqués" . Malgré une gestion assurée par trois "ministères" indépendants, le système d'enseignement au Royaume-Uni n'en forme pas moins un paysage éducatif cohérent.

Le système éducatif espagnol : une forte décentralisation L'Espagne est divisée en 17 régions, appelées " communautés autonomes " qui peuvent être comparées à des États fédérés, chacune d'elles disposant d'une certaine autonomie…

La Slovaquie : l'éducation, une priorité récente La Slovaquie est un pays jeune, qui a vécu la chute du communisme, la rupture avec la République tchèque, ainsi que de fortes turbulences politiques. Ce n'est qu'en 1999 que le système éducatif devient vraiment une priorité.

Allemagne : un système scolaire en pleine réforme  : En Allemagne, l'éducation est sous la responsabilité des Länders, chacun ayant des méthodes différentes. L'État fédéral joue toutefois un rôle, principalement en termes de financement et de coopération internationale.

L'alternance études-apprentissage dans le système scolaire italien  : Découvrez le système d'instruction et de formation mettant en place une formation professionnelle et d'apprentissage en alternance.

Le système scolaire finlandais : "chaque élève est important" La Finlande est un petit pays de cinq millions d'habitants fortement engagé dans l'Europe. Son école mérite le détour. "Un succès" : telles est la conclusion d'une vaste étude sur le système éducatif de 41 pays.

Un rapport du Haut conseil à l'intégration s'interroge sur les liens entre école et intégration

Sa mission d’intégration culturelle, l’école française doit l’exercer par :

- l’apprentissage et la maîtrise de la langue française. La langue nous construit et forge l’identité de nos valeurs ;

- la transmission des éléments de la culture républicaine française, démocratique et laïque, reposant sur les principes fondateurs de la déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen

Toutefois, force est de constater qu’aujourd’hui l’école française a de plus en plus de mal à exercer ces missions. Dans un rapport encore provisoire, le Haut Conseil à l’intégration essaie d’analyser ces défis de l'école, comme espace d'intégration sociale et culturelle

Dirigé par Patrick Gaubert depuis fin 2008, le Haut Conseil à l’intégration a été institué par un décret du 19 décembre 1989 de Michel Rocard, alors premier ministre. Il a pour mission de "donner son avis et de faire toute proposition utile, à la demande du premier ministre, sur l'ensemble des questions relatives à l'intégration des résidents étrangers ou d'origine étrangère".

Le Pôle des savoirs sur la Rive Gauche : la promesse d’une belle réhabilitation d’un patrimoine ancien, au service de la culture scientifique

L’ancienne Ecole normale de garçons, c’est la que verra le jour fin 2011, le Pôle Régional des Savoirs, vaste ensemble dédié à l’éducation et à la connaissance où s’installeront une quinzaine d’associations régionales ainsi que la Cité des Métiers de Haute-Normandie. C’était hier la pose de la première pierre.

Cette véritable pépinière de la culture et de l’érudition régionales ouvrira ses portes dans un peu plus d’un an sur le boulevard de l'Europe. Entièrement financé par la Région (22,4 M€ de travaux), cet immense chantier de 11 000 m2 a pour vocation de littéralement faire peau neuve de ce prestigieux bâtiment datant de la fin du XIXème siècle.

En effet, la cour intérieure de 800m² sera recouverte d’une membrane climatique gonflable, celle-ci a la particularité de peser moins lourd que le verre et d’être plus économique à l’achat et à l’entretien. C'est d’ailleurs l'une des premières fois que cette technologie sera utilisée en France. Ce bâtiment se veut donc exemplaire en terme d’écologie.

Sur la base du programme architectural et technique élaboré par la Région, le cabinet d’architectes Artefact s’est attaché à valoriser cet aspect : du côté du chauffage par exemple, le principe mixte de géothermie-gaz a été retenu. La géothermie couvrira 70% des besoins en énergies des 33 000 m3 du pôle, le reste étant assuré par le gaz. De plus, 216 m2 de toiture photovoltaïque apporteront une réelle économie sur les consommations électriques grâce à la revente de leur production.

La chapelle du début du XVIIIème siècle, attenante à l’édifice principal, va elle aussi être rénovée. Elle accueillera dès le mois de mai 2012 un amphithéâtre et une salle d'expositions mutualisée.

C’est est un projet structurant pour le territoire. L’hébergement dans les mêmes locaux des associations régionales et de la Cité des Métiers va créer une émulation au sein de ce véritable vivier de compétences. C’est une chance pour la Haute-Normandie et son tissu associatif. Outre la mutualisation des moyens de chaque entité, le Pôle Régional des Savoirs permettra au public d’accéder à tout un ensemble de services sur un site unique au cœur de la capitale régionale.

Les associations regroupées : pole image, FRAC, Agence Régionale du livre, ODIA, Agence Régionale de l’environnement, Science Action, HNNE, GIP Seine Aval, Cardere, Observatoire régionale de santé, CRES, L’écrit santé (journal Globules), Cité des métiers, CREFOR, ADRESS ….

 
 

Consultation publique sur les futurs programmes européens pour l'éducation, la formation et la jeunesse

La Commission européenne lance des consultations publiques sur les trois programmes ci-après, qui sont destinés à remplacer les programmes existants à partir de 2014:

• le programme d'éducation et de formation qui doit remplacer le programme Éducation et Formation tout au long de la vie

• le programme jeunesse – consultation qui doit remplacer le programme Jeunesse en action

• le programme de coopération internationale dans le domaine de l'enseignement supérieur – consultation qui doit remplacer le programme Erasmus Mundus

Tout le monde peut participer aux consultations (particuliers, associations, organisations et parties intéressées) en cliquant sur les liens ci-dessus. Les personnes consultées sont invitées à donner leur avis sur l'élaboration et le contenu des futurs programmes : les consultations sont ouvertes jusqu'au 30 novembre 2010. Les résultats seront publiés sur le site web de la DG EAC.

 

La France régresse dans le classement mondial des égalités homme-femme, alors que l’Europe maintient ses positions

La France régresse dans le classement mondial des égalités homme-femme, alors que l’Europe maintient ses positions. Une étude du Forum économique mondial (WEF), la fait passer à la 46ème place du classement 2010 des égalités hommes/femmes tandis que les pays nordiques caracolent toujours en tête des Etats les plus égalitaires au monde.

Cette étude a bien sur ses limites, mais elle a au moins de sortir d’un regard franco français sur ce sujet, comme nous l’avons fait sur la liberté de la presse ou sur l’éducation .

Cette régression s'explique notamment, selon le WEF, par "la baisse du nombre de femmes occupant des postes ministériels dans les 12 derniers mois". La deuxième raison est que la "France a un des pires niveaux" au monde en terme de ressenti d'égalités de salaire à travail égal » Ceci est d’autant plus à noter que le pays se situe à l'opposé, à la première place pour deux autres des quatre critères pris en compte dans l'étude du Wef: l'éducation et la santé.

La France (46e) et l’Italie (74e) font figure d’exception en Europe car, outre les quatre champions nordiques, l'Irlande (6e), le Danemark (7e), la Suisse (10e), l'Espagne (11e), l'Allemagne (13e), le Royaume-Uni (15e), les Pays-Bas (17e) figurent parmi les 20 premiers pays les mieux classés. Toutefois, de vrais progrès ne seront possibles que lorsque les pays rendront "le mariage et la maternité compatibles avec la participation économique des femmes", martèle l'organisation.

Le rapport de 2010             Presentation du rapport en francais

le classement                     Le profil de la France

Les inégalités sociales d’accès au bac s’accroissent

Un élève dont le père est enseignant a 14 fois plus de chances d’avoir le bac que celui dont le père est ouvrier non-qualifié, indique l'observatoire des inégalités à partir d' une étude du ministère de l’éducation , réalisée à partir des résultats des élèves entrés en sixième en 1995 et bacheliers vers 2002.

Pour les jeunes entrés en sixième en 1989, les fils d’enseignants avaient neuf fois plus de chances.Cette étude est particulièrement importante : c’est la première fois que le ministère indique que les inégalités sociales augmentent à la fin du secondaire.

Il est probable que depuis 2002 les écarts se soient encore accrus. Chez les enfants d’employés des services, le taux de bacheliers est passé de 43,4 à 38 %, la part de bacheliers de la série S (scientifique) tombant même de 7 à 2,7 %. Chez les enfants d’ouvriers non-qualifiés les proportions sont respectivement de 42,7 à 40,7 % pour le bac et de 6,4 à 4,6 % pour la série S.

Ces chiffres semblent confirmer les résultats des évaluations internationales (enquêtes Pisa de l’OCDE) qui indiquent qu’en France la situation se détériore pour les catégories sociales les plus en difficulté. La politique de restauration des filières séparées à des âges de plus en plus précoces - depuis la fin des années 1990 - est sans doute responsable d’une partie du phénomène.

Regards sur l'éducation 2010 : Les indicateurs de l'OCDE

Dans tous les pays de l’OCDE, les gouvernements cherchent à accroître l’efficacité de leur système éducatif tout en s’employant à trouver les ressources supplémentaires pour faire face à la demande grandissante de formation :La crise économique le démontre plus que jamais : le diplôme protège contre le chômage»

Conçue pour permettre aux pays d’évaluer la performance de leur système d’enseignement à la lumière de celle d’autres pays, l'édition 2010 de Regards sur l'éducation : Les indicateurs de l’OCDE, présente une imposante batterie d’indicateurs actualisés et comparables sur les résultats des systèmes éducatifs.

Ces indicateurs sont le fruit d’une concertation entre spécialistes sur la façon de mesurer l’état actuel de l’éducation à l’échelle internationale. Les indicateurs montrent qui participe aux activités éducatives, quelles dépenses leur sont affectées, comment les systèmes éducatifs fonctionnent et quels sont les résultats obtenus. Les indicateurs de résultats portent sur des aspects très variés, allant de la comparaison des performances des élèves dans des disciplines fondamentales jusqu’à l’analyse de l’impact de la formation sur les revenus et sur les possibilités d’emploi à l’âge adulte.

Un document dont on voit rapidement les limites pour mesurer les l’efficacité du système éducatif, mais utile car il permet les comparaisons.

Pour les manuels scolaires : le gouvernement doit prendre ses responsabilités

Après avoir supprimé 60 000 postes depuis 2008, après avoir sacrifié la formation des enseignants, le gouvernement - fait historique - est à présent incapable de fournir les nouveaux manuels scolaires aux élèves tout simplement parce que les nouveaux programmes ont été publiés bien trop tard après avoir été élaborés précipitamment dans le cadre d’une réforme menée sans concertation!

Cet épisode atteste encore du mépris de la part de ce gouvernement envers l’Ecole, envers les familles qui dans une rentrée déjà difficile auront à faire face à des dépenses supplémentaires pour l’acquisition des nouveaux livres qui risquent d’être éphémères en raison même des conditions de leur publication !

Dans un contexte d’asphyxie financière des collectivités territoriales consécutive à la réforme de la fiscalité locale et à la suppression de la taxe professionnelle, la Région Haute-Normandie maintient son soutien au pouvoir d’achat des ménages pour la rentrée grâce à la carte Région. On ne peut que regretter qu’une fois de plus ce soient les élèves et leurs parents qui paient les « pots cassés » de cette précipitation gouvernementale dans la réforme des lycées.

On ne peut que déplorer que le Président de la République - les yeux rivés sur la suppression de postes d’enseignant - en oublie l’essentiel : la qualité de l’éducation de nos enfants puisqu’ « un élève sur deux de Seconde n’aura pas tous ses livres à la rentrée ».

Plus personne ne doute que pour ce gouvernement, l’éducation n’est qu’une variable d’ajustement dans une logique comptable alors que - dans un contexte de chômage de masse et de tensions sociales - celle-ci doit redevenir une priorité pour l’avenir. Le gouvernement doit majorer en conséquence les bourses de rentrée scolaire pour les familles victimes de son incompétence.

Programme Erasmus : un pas vers une plus grande mobilité des étudiants

Pour l'année universitaire 2008/2009, c'est près de 200 000 étudiants de l'enseignement supérieur qui ont bénéficié du programme Erasmus et d'une bourse pour étudier ou se former à l'étranger. Cela représente concrètement une augmentation globale de 8,7% par rapport à l'année universitaire 2007/2008, ce qui porte à plus de deux millions le nombre de jeunes européens qui ont bénéficié d'un soutien du programme Erasmus depuis sa création il y a 23 ans.

Les étudiants ont séjourné dans un des 31 pays participant au programme Erasmus (États membres de l'UE, Islande, Liechtenstein, Norvège et Turquie). Ce nombre record d'étudiants bénéficiant du programme " traduit une hausse de 12 % du budget alloué en 2008/2009 aux études, stages en entreprise et autres actions de mobilité prévus dans le cadre d'Erasmus ".

On peut noter que les trois pays envoyant le plus d'étudiants Erasmus sont la France (28 300), l'Allemagne (27 900) et l'Espagne (27 400). Il a été estimé qu'aujourd'hui, près de 4 % des étudiants européens bénéficiaient d'une bourse Erasmus à un moment donné de leurs études.