Pour faire contrepoids aux tentations réductrices du populisme qui se développe dans les démocraties européennes, Pierre Rosanvallon nous invite à compliquer notre conception de la démocratie et à la rendre polyphonique, car le peuple ne parle pas d’une seule voix.
Ce texte est tiré de la leçon inaugurale prononcée lors des 26èmes Rencontres de Pétrarque 2011, organisées autour du thème : le peuple a-t-il un avenir ?
Il y a aujourd’hui en Europe deux mots qui se regardent en chien de faïence : ceux de peuple et de populisme. Avec le paradoxe d’un terme négatif et péjoratif qui dérive de ce qui fonde positivement la vie démocratique.
On exècre le populisme alors que l’on exalte le principe de la souveraineté du peuple. Que recèle ce paradoxe ? Comment le comprendre ? Y aurait-il une bonne et une mauvaise façon d’être démocrate ? Une bonne et une mauvaise façon d’être près du peuple ?
Il faut lever ces ambiguïtés. Pour éclairer cette question, on ne peut pas en rester à la reconnaissance diffuse du fait que le peuple est le principe actif, moteur du régime démocratique ; qu’il est la puissance indiscutable de légitimation de celui-ci. Le problème est en effet que c’est une puissance indéterminée.
Il y a ainsi un écart entre l’évidence d’un principe, la souveraineté du peuple, le pouvoir au peuple, et le caractère problématique de ce peuple comme sujet social et politique.
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