Et d’abord sur la méthode : depuis son élection, M. Sarkozy a méprisé la démocratie sociale. Il a décidé de tout, tout le temps, tout seul. En 2010, le plan Sarkozy-Fillon sur les retraites n’a fait l’objet d’aucune négociation. En 2011, les deux plans d’austérité infligés au pays n’ont fait l’objet d’aucune consultation préalable des partenaires sociaux. Au cours de ce mandat les sommets dits « Sociaux » du 18 février 2009 et du 15 février 2010 n’ont servi que la communication Présidentielle.
Au fond, ce sommet est davantage un sommet électoral pour Sarkozy qu’un sommet social pour les Français. Un sommet de rattrapage qui ne rattrapera rien pour nos concitoyens. La CFDT a estimé que ce sommet s'est « tenu avec cinq ans de retard » . Pour la CGT, ces mesures n'auront « pas d'impact sur l'emploi ».
Qui peut croire M. Sarkozy quand il feint de découvrir les vertus du chômage partiel sans y mettre les moyens – seulement 100 millions d’euros en plus, ce qui représentera un effort neuf fois inférieur à celui de l’Allemagne ? Et sans en finir avec l’incohérence qui consiste à subventionner sur fonds publics en même temps, et parfois dans la même entreprise, les heures supplémentaires et le chômage partiel ?
Qui peut croire M. Sarkozy quand il promet l’embauche de 1000 agents de Pôle emploi en CDD alors qu’il en a supprimé
Qui peut croire M. Sarkozy quand il promet, sans aucune précision, « des mesures extrêmement puissantes pour doper l’offre de logement », alors qu’il a divisé par plus de deux le montant total des aides à la pierre, abaissé l’effort de l’Etat en faveur du logement à son plus bas niveau depuis 30 ans et créé une ponction sur les organismes HLM de 245 millions d’euros par an ? -
Qui peut croire M. Sarkozy quand il annonce des contrats pour les chômeurs de longue durée alors qu’il a baissé de 12% les crédits d’intervention pour l’emploi dans le budget 2012 ? Quant à l’engagement de convoquer tous les chômeurs de longue durée pour leur proposer une embauche ou une formation, c’est mot pour mot l’engagement qu’il avait déjà pris le... 10 février 2011 : « Tous les chômeurs de longue durée devront être reçus dans les trois mois pour recevoir soit une formation qualifiante, soit un emploi ...
Les vraies mesures sont celles qui sont, hélas déjà décidées mais n’ont pas encore été annoncées Les syndicats l’ont relevé à juste titre : le vrai projet de Sarkozy, c’est la hausse de la TVA : ce qui est en préparation, c’est le troisième plan d’austérité. Après la hausse des mutuelles, des tarifs du gaz, les nouvelles hausses du prix de l’électricité sont déjà prises et 2 milliards d’euros sont payés par les consommateurs à travers la hausse du taux réduit de TVA de 5,5 % à 7 % . Porter la TVA à 22, 23 ou 24 %, c’est une faute sociale et une erreur économique. Ce sera moins de pouvoir d’achat pour les ménages, moins d’activité pour les entreprises et, au final, plus de déficits pour les finances publiques.
Le chômage n’est pas une fatalité. Les pistes existent.
- La priorité est de retrouver le chemin de la croissance. Cela renvoie au débat sur la compétitivité : la droite insiste sur la compétitivité-prix (avec comme mesure emblématique la TVA sociale), la gauche sur la compétitivité-valeur ajoutée. Le manque de compétitivité ne vient pas du coût du travail, qui est inférieur en France dans l’industrie manufacturière à ce qu’il est en Allemagne (le coût horaire est de 33,16 euros contre 33,37 euros). Il vient d’un déficit d’investissement, de financement des PME et des entreprises de taille intermédiaire, d’un déficit d’impulsion publique pour les filières d’avenir, de protection européenne contre la concurrence déloyale
- Des mesures spécifiques de protection de l’emploi sont nécessaires en période de crise. Le renforcement du dispositif de chômage partiel, sur le modèle allemand, est la piste principale. Il faut également un nouveau mode de gestion des restructurations d’entreprises : sortir du dialogue social formel, reposant sur la simple consultation du comité d’entreprise pour aller vers une véritable négociation des restructurations entre l’employeur et les syndicats de salariés. .
- Il y a ensuite des mesures pour lutter contre le précariat (CDD, intérim, stages, temps partiel et fragmenté…). La décennie 2000 marque l’explosion du précariat : sur 19 millions de contrat de travail signés en 2010, 12 sont des contrats de moins d’un mois. Ces contrats très courts ont été multipliés par dix en dix ans. Pour lutter contre le précariat on peut Moduler le taux de cotisations sociales de l’entreprise en fonction du niveau de précarité de son salariat, Fiscaliser massivement le temps partiel fragmenté ou recourir à des mesures spécifiques pour les jeunes actifs, qui sont les premières victimes de la crise : contrat de génération, emplois aidés réservés, objectifs spécifiques confiés à Pôle emploi…
- Il y a enfin, et avant tout, la facilitation des transitions professionnelles. On voit bien que les mesures de protection des salariés en emploi stable ont tendance à percuter celles qui visent à stabiliser les précaires et la clé pour l’emploi de demain, c’est de faciliter la transition d’un emploi à l’autre. La sécurisation des parcours professionnels passe par une idée simple : lorsqu’un salarié perd son emploi, il est en quelque sorte « embauché » par l’Etat pour retrouver un emploi. Il reçoit une rémunération élevée : 90 % de son dernier salaire pendant douze mois. Il bénéficie d’un suivi individualisé et de conditions de travail professionnelles et il bénéficie le cas échéant d’une formation professionnelle qualifiante qui lui permet de se réorienter en termes de métier. En échange, le demandeur d’emploi s’engage à respecter sa part du contrat avec l’Etat : rechercher un job de manière active. S’il ne le fait pas, il perd ses droits et bascule aux minimas sociaux. .
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