Les campagnes d’Obama et de Ségolène Royal l’avaient déjà mis en évidence pour un public plus large : l’action politique n’échappe plus à une réflexion sur les avantages et limites des nouvelles technologies de la communication, comme internet, les réseaux sociaux, les téléphones portables.
Ce qui vient de se passer en Tunisie, en Egypte … remet au premier plan cette question : ces outils ont été l’occasion d’un nouveau type de communication, de mobilisation… ; ils permettent de toucher d’autres publics que ceux que les outils plus traditionnels atteignent habituellement. Ils n’enferment pas dans des « frontières » préétablis, ils s’inscrivent dans l’immédiat et donc renforcent la mobilisation dans l’instant.
Ils permettent d’ « agréger des individus isolés » pour les transformer en force collective. « En permettant à des individus isolés, atomisés, impuissants face à un régime répressif, de s’associer, de se regrouper, de se mobiliser, ils donnent une dimension nouvelle à la définition, proposée par Hannah Arendt, de l’essence du politique comme la capacité humaine à ne pas simplement agir, mais à « agir de concert ».
La réduction de leur cout d’utilisation a contribué encore à leur démocratisation.
On a longtemps mis l’accent sur le contrôle social qu’ils permettaient pour un Etat autoritaire : on a moins perçu cette formidable puissance libératrice qu’ils contenaient, même si beaucoup d’Etat n’échappe pas encore à cette volonté de contrôler leurs usages : la Chine étant sans doute le plus bel exemple !
Petit à petit ces outils transforment les conditions de l’action politique : immédiateté, hyperréactivité, …. mais aussi capacité de mémoire qui fait ressortir une image, une parole… C’est aussi une réduction de la capacité d’oubli si grande en politique. C’est un nouveau mélange de l’instant et de l’histoire qui se crée.
Pierre Buhler revient sur quelques uns de ces aspects dans une note pour Télos, «Révolution numérique et révolution politique »
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