Dans la réflexion sur la gestion de l’eau dans la CREA, la notion de prix « juste » est apparue.On en comprend le sens : il s’agit de prendre en compte la spécificité de ce bien qu’est l’eau et d’admettre que le prix le plus bas n’est pas nécessairement le plus «juste» si on intègre les nécessaires investissements pour l’avenir.
Mais comme l’a fort bien montré Amartya Sen, Prix Nobel d’économie, la notion de justice est souvent différente selon les interlocuteurs, et les critères de justice ne sont pas toujours partagés.
Le prix de l’eau comprend deux composantes : le cout de production, et les taxes pour financer les investissements. Un prix »juste », c’est un prix qui intègre toutes ces composantes et leurs exigences, qui intègre la nécessité d’investir dans les réseaux, pour protéger les captages, pour accroitre la qualité de l’eau…
Un prix « juste », c’est un prix qui intègre la nécessaire solidarité dans l’accès à ce bien public, sur un même territoire En disant cela on veut signifier que le prix le plus bas n’est pas nécessairement le plus juste, si on veut bien intégrer les notions de qualité, de protection de la ressource…
Un prix juste ce n’est donc pas un prix fixé par le « marché », mais un prix « administré » fixé par la puissance publique. Il convient pourtant d’être prudent pour que ce prix « administré »ne soit pas « exagéré ». Ceci suppose que l’on connaisse le bon niveau des couts de production, et sur ce point la possibilité de comparer les couts du « public » et du « privé » est utile : voir le débat sur la gestion de l’eau, il y a un an, que j’évoquais ici même.
Ceci suppose que l’usage des taxes pour les investissements corresponde à des choix compréhensibles pour l’usager.
En aucune façon un prix « juste » ne doit être le prétexte à des couts cachés ou évitables, néfastes pour le consommateur, à des dépenses publiques inutiles pour le citoyen car elles concernent l’argent public. Un prix « juste » c’est un prix administré » pour lequel les choix doivent être lisibles pour tous.
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