A lire absolument : l’ouvrage de Jacques Delors et Michel Dollé intitulé « INVESTIR DANS LE SOCIAL » Editions Odile Jacob, avril 2009, 286 pages Beaucoup aimerait prendre ce titre comme slogan de campagne, tant il semble pouvoir dire en peu de mots la voie à suivre pour la gauche réformiste. L’esquisse d’un Yes we can français ? Mais le slogan est bon s’il ne remplace pas la réflexion !
En dix chapitres thématisés, ponctués de propositions, les deux auteurs montrent que la solidarité, notion clé de notre organisation sociale et nationale, doit être profondément repensée. Les nouvelles insécurités dans l’emploi, les besoins de flexibilité de l’entreprise,la composition et l’organisation des familles mais aussi les défis posés globalement à la protection sociale appellent, non pas un retrait, mais une transformation de l’Etat social. L’Etat providence est longtemps venu corriger les inégalités sociales créées par les distorsions du marché de l’emploi ou répondre aux risques de base que sont la maladie ou la vieillesse.
Aujourd’hui, l’apparition de nouveaux risques combinée à la volonté de voir dans le social non plus un coût mais un investissement poussent à la construction d’un État offensif sur le plan social, d’un État anticipateur qui s’attaque aux inégalités là où elles se créent et non là où elles se constatent. Il nous faut créer un « État d’investissement social ».
L’emploi doit évidemment être la toute première des préoccupations mais dire que l’emploi est la question centrale signifie – et c’est ce que démontrent avec talent les deux auteurs – que le combat pour la justice sociale se joue aussi ailleurs, pour partie en amont dans le système éducatif et dans l’investissement dans l’enfant, pour partie en aval au cœur des familles.
Au final, Investir dans le social est un livre de militant, parce qu’il ne perd pas de vue que, derrière l’urgence de la crise et la question de sa résorption, demeure entier le grand défi des progressistes: celui de la production d’une nouvelle solidarité entre les individus. Jacques Delors et Michel Dollé portent ici une ambition de gauche, l’idée qu’une politique sociale active est un projet d’avenir, cohérent donc efficace, solidaire donc profitable, une politique d’investissement social rentable ! Avec intelligence, ils écrivent moins ici sur l’urgence sociale d’agir (elle existe bel et bien) qu’ils ne démontrent notre intérêt à agir sur le social.
Voir la note de Nicolas VIGNOLLES dans Esprit critique de Avril 2009, N°90
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