JOURNAL POLITIQUE de Dominique GAMBIER

Les sociétés malades de leur école ?

Par un travail comparatif de grande portée, Dubet, Duru-Bellat et Vérétout établissent une relation entre les sociétés et leurs systèmes scolaires. Ils dénoncent les effets indésirables de l’idéologie du mérite et le poids du diplôme sur les destins des individus. Le détour par la comparaison internationale, qui bouscule salutairement les tabous de l’école républicaine, rend discutables certaines conclusions. Philippe Coulangeon dans la vie des idées propose une analyse de cette démarche comparative

En réponse à ce compte rendu de Philippe Coulangeon, François Dubet, Marie Duru-Bellat et Antoine Vérétout ont souhaité réagir pour réaffirmer que l’école ne doit pas représenter la seule voie d’accès au « salut » social.

François Dubet, Marie Duru-Bellat et Antoine Vérétout, Les sociétés et leur école. Emprise du diplôme et cohésion sociale, Paris, Le Seuil, 2010.

Au Conseil Régional ce matin, j’ai déploré la désastreuse politique gouvernementale pour l’enseignement Supérieur

Alors que le gouvernement prétendait faire une priorité de l’enseignement supérieur et de la recherche, le bilan en ce domaine est désastreux : c’est ce que j’ai essayé de montrer ce matin en session plénière du conseil régional.

Le gouvernement voulait d’abord réorganiser l’ensemble du système de l’enseignement supérieur. Premier enjeu, et c’était plutôt une bonne idée, la mise en place des PRES : hélas, c’est un échec faute de traduction financière, juridique, et de soutien ou de clarté sur ce que l’on attend d’eux. Le dernier rapport de la cour des comptes porte sur eux, un jugement sans concession.

L’appel d’offre sur les investissements d’avenir ignore totalement la Haute Normandie en dépit de la qualité scientifique et industrielle des dossiers régionaux. Quant au plan campus, on en parle mais n’a reçu aucune traduction depuis trois ans.

Loin d’avoir relancé la dynamique de coopération dans les territoires, cette politique a au contraire exacerbé la concurrence et a conforté des monopôles universitaires. En l’état et si rien n’est modifié, notre paysage français de l’enseignement supérieur et de la recherche se limitera à 10 grands pôles laissant apparaître des lignes de fractures entre territoires et même une diagonale du vide qui passe par le nord-ouest dont la Haute-Normandie.

Sur le plan financier les quelques accroissements budgétaires n’ont pas permis d’absorber les nouvelles charges transférées dans le cadre de la nouvelle « autonomie », et intègre des charges de retraite jusqu’ici sur d’autres lignes du budget ; on mélange de façon délibérée les crédits de paiement et les autorisations d’engagement !!

Le CNRS va devoir supprimer en 2011 des bourses de doctorat pour ingénieur ! on est loin d’atteindre l’objectif annoncé de mettre l’effort de recherche à 3% du PIB, ce que confirme, hélas notre mauvais classement européen.

Face à ces reculs de l’Etat, la Région avance …

En 10 ans, elle a ainsi investi plus de 150 M € d’euros en faveur des établissements d’enseignement supérieur. Elle va doubler le nombre des allocations doctorales ; elle double ses engagements pour soutenir les GRR dans le cadre du contrat avec l’Etat, alors que celui-ci accumule d’année en année ses retards face aux mêmes engagements.

Mais pour combien de temps…

En effet est-il compréhensible dans ce contexte que le rapport français sur l’avenir de la politique de cohésion, envoyé à Bruxelles le 10 février 2011, fixe comme « objectif prioritaire, je cite, la baisse de la part du budget européen dédié à la politique de cohésion». Un tel choix enterrant, la politique de cohésion sociale européenne va priver les régions françaises et leurs territoires de crédits destinés à la recherche-développement, à l’éducation et à la formation professionnelle qui sont les principaux domaines bénéficiaires des fonds européens en France. Cela n’est pas acceptable car nous sommes la, dans un refus délibéré de préparer l'avenir

Téléchargement Discours de DG

Quelles conditions de vie pour les étudiants en 2010 ?

L'Observatoire de la Vie Étudiante rend public une première sélection de résultats de la 6e édition de l'enquête Conditions de vie des étudiants réalisée auprès d'un échantillon représentatif d'étudiants et d'élèves inscrits dans l'enseignement supérieur en 2009-2010, à travers une brochure Repères 2011.

Cette enquête constitue un outil permanent de connaissance et de suivi des conditions de vie des étudiants (ressources, logement, restauration, santé, parcours, manières d’étudier, pratiques culturelles, etc.). Réalisée simultanément dans une vingtaine de pays européens dans le cadre du programme Eurostudent, l’enquête permet également de mieux connaître les spécificités des conditions de la vie étudiante en France.

Les enquêtes antérieures permettent de mesurer les évolutions dans ces conditions de vie ; vous trouverez ici les résultats complets de 2010, 2006, 2003, et 2000

Le communiqué résumé  et le rapport détaillé avec près de 150 tableaux

Avec près de 25 000 étudiants, les éffectifs de l'Université de Rouen se maintiennent

L’université de Rouen compte, au 15 janvier 2011, 24 044 étudiants soit une légère baisse des effectifs de -307 étudiants (-1,3%) par rapport à la même date en 2010. Mais le recul de l’effectif global des étudiants est avant tout la conséquence de la réforme des concours de l’enseignement avec la disparition des stagiaires de 2e année précédemment inscrits à l’IUFM (-646 étudiants).

La création des « Master Enseignement » désormais inscrits en UFR ne permet pas de combler leur absence. Cela permet néanmoins aux UFR qui les accueillent d’accroître leurs effectifs : Lettres et sciences humaines qui compte 4806 étudiants ( +4%) et Sciences et techniques,2982 étudiants (+ 6%).

L’UFR des Sciences de l’Homme et de la Société enregistre cette même croissance grâce à la création du CUPGE IEP et une forte croissance des L1 de psychologie. L’UFR STAPS croît de 16%, conséquence de la forte croissance des L1 en passant de 822 à 979 étudiants.

Enfin, l’UFR de Droit, Sc. économiques et gestion, avec 4244 étudiants, enregistre une croissance de 4% avec plus de 1000 étudiants en L1 de Droit. La médecine et pharmacie subit une légère érosion (-0,6%) pour 4626 étudiants. Les IUT (2457 étudiants), l’IAE (492 étudiants) maintiennent leurs effectifs

Malgré un flux néo-bachelier en baisse, on constate une croissance des effectifs en L1 et L2.

On dénombre par ailleurs 2802 étudiants étrangers, soit une centaine d’inscrits supplémentaires.

Par cycles, l’Université enregistre 15520 étudiants en cycle L (licence), 6225 en M (master) et 2299 en doctorat dont 1267 pour la seule faculté de médecine.

Par sites, Mont Saint Aignan garde la plus grosse concentration avec 11177 étudiants devant le site Pasteur (5209 étudiants) et le site Martainville (4626 étudiants), loin devant Evreux (1056) , le Madrillet (1054) et Elbeuf(286)

L'effet de la qualité des stages sur l'insertion professionnelle : le cas des diplômés de l'enseignement supérieur

Les stages sont régulièrement présentés comme une condition nécessaire, si ce n'est suffisante, d'une bonne insertion sur le marché du travail. Les compétences acquises en dehors du système éducatif procureraient aux stagiaires un avantage décisif pour trouver un emploi.

Des inquiétudes sont néanmoins apparues ces dernières années face à une multiplication des stages dans le parcours des étudiants, ce qui retarderait leur accès à une première activité salariée sans pour autant donner une réelle valeur professionnelle à ces expériences acquises en cours d'études. Ils permettraient de plus à certains employeurs d'ajuster leur main d'œuvre aux variations de l'activité économique et se substitueraient aux recrutements.

Quelle est la valeur professionnelle des stages suivis par les étudiants au cours de leur formation ? C’est à cette question qu’essaie de répondre l’étude du Cereq à laquelle nous vous renvoyons.

Le CRIHAN, un puissant centre de calcul, reconnu au plan national, sur le technopole du Madrillet

Association créée fin 1991 avec le soutien du Conseil Régional de Haute-Normandie, le CRIHAN ( Centre de Ressources Informatiques de Haute Normandie), installé sur le technopole du Madrillet, a pour mission d'aider les organismes publics et privés de la région à développer des activités d'enseignement, de recherche et de développement basées sur l'utilisation des nouvelles technologies de communication et sur l'informatique.

Les quatre thématiques de l'association sont les outils pour la modélisation numérique, les réseaux informatiques, le support aux projets innovants, les actions de formation. Le financement de l'association CRIHAN est assuré par le Conseil Régional de Haute-Normandie. Les projets lourds, comme le pôle de modélisation numérique et le réseau régional SYRHANO sont financés dans le cadre du Contrat de Projets État-Région et cofinancés par l’Union européenne (fonds FEDER).

Le Pôle Régional de Modélisation Numérique regroupe des moyens matériels et logiciels mutualisés : supercalculateurs, outils spécialisés et services connexes (stockage, visioconférence, etc.). Le CRIHAN assure le support des infrastructures et propose aux chercheurs une assistance technique et scientifique afin de leur faciliter l’accès à la plate-forme et d’optimiser l’utilisation des grappes de calcul.

Les moyens de calcul du Pôle Régional de Modélisation Numérique ont été renouvelés en 2010, en partenariat avec l’École Centrale de Nantes : la nouvelle grappe de calcul, inaugurée ce vendredi, offre une puissance de plus de 14TFlop soit 10 fois la précédente. Elle sera complétée dès le premier trimestre par des nœuds hybrides intégrant des processeurs graphiques destinés à accélérer les calculs. Ce nouvel équipement succède, à la précédente configuration IBM Power5.

Par ailleurs dans le cadre du Grand Emprunt National, le CRIHAN va bénéficier de moyens supplémentaires à travers le projet « Equip@meso » (Equipement d'excellence de calcul intensif de Mésocentres coordonnés), qui associe des acteurs nationaux et régionaux pour faire du calcul intensif et de la simulation numérique un vecteur de développement scientifique et économique.

http://www.crihan.fr/

La Région finance l’aménagement de la zone d’activité Aubette-Martainville-Rouen Innovation Santé

La Région a décidé de financer, la requalification de la friche Aubette-Martainville en un pôle d’excellence dans les domaines de la santé et de la recherche médicale.

Ce sont ainsi 1 900 000 € qui seront accordés à la Communauté d’Agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe pour l’aménagement de ce site composé d’une pépinière d’entreprises innovantes, d’une zone hospitalo-universitaire, d’un hôtel d’entreprises et de logements.

Cette opération constituera une opportunité de développement économique et sera un des maillons importants du technopôle Chimie-Biologie-Santé. Ce projet permettra d’intégrer la friche au tissu urbain, de requalifier le site par la mise en valeur les berges de l’Aubette et de créer un pôle d’excellence en matière de santé et de recherche médicale.

La requalification de cette friche devrait également permettre d’accueillir des entreprises innovantes créatrices d’emplois (environ 1500 emplois). Ce programme de réhabilitation respectera par ailleurs les critères environnementaux imposés par le règlement régional c’est-à-dire la gestion de l’eau, la gestion des déchets d’activités et l’éco-gestion.

«Transformer un ancien site industriel en un pôle d’excellence en matière de santé est une belle reconversion. La requalification de cette friche est un projet ambitieux qui a pour but de redynamiser le quartier en accueillant des entreprises innovantes et créatrices d’emploi et de créer un pôle santé d’envergure régional »

Le peuple a-t-il perdu le pouvoir ?

Y aurait-il péril en la démocratie ? Les Français, cet hiver, en semblent en tout cas convaincus. Tel est l'enseignement éloquent du sondage exclusif Philosophie magazine/TNS-Sofres : un Français sur deux estime en effet que la démocratie a reculé ces dix dernières années, là où seulement un sur cent pense qu'elle a progressé ! Et de fait, constate le philosophe Jacques Rancière, tout se passe désormais comme si une élite avait confisqué au peuple les manettes du pouvoir.

Mais à qui la faute ? Aux élus devenus indifférents au bien commun ? Aux citoyens qui, par inactivisme, vident le régime de sa substance ? Ou à l'idéologie des Lumières qui, par une étrange ruse de la raison éclairée, a métamorphosé la scène politique en un théâtre parodique, comme l'analyse Jean-Claude Milner ? Rappelons-nous donc que l'histoire démocratique, d'Athènes à New Delhi, est une épopée riche d'inventives embardées populaires : ainsi, peut-être, ferons-nous mentir le soupçon d'inefficacité qui, depuis Platon, pèse sur l'idée du « pouvoir par le peuple».

Moralité ? Moralité, voter à intervalle régulier ne suffit pas, nous dit dans un billet très lucide, Audrey Pulvar! Il nous faut, comme sur les marchés dont nous dénonçons tous les jours les dérives, il nous faut «prendre une participation» dans l’organisation de la Cité… au sens grec du terme.

6 articles composent ce très intéressant dossier de Philosophie magazine   à découvrir ci après :

Grand emprunt/Investissements d’Avenir : Un déséquilibre flagrant entre les territoires !

Alain Le Vern, Président de la Région Haute-Normandie, prend acte des résultats annoncés par le gouvernement concernant le « grand emprunt ». En effet, à ce jour, un seul projet haut-normand apparait au palmarès du volet scientifique « Equipements d’excellence » du programme national « Investissements d’Avenir » (Equipex).

« Annoncé depuis des mois à grand renfort de communication pour une somme finalement dérisoire au plan national, le « grand emprunt » constitue une déception. Au regard de la carte des projets sélectionnés, on ne peut que constater un déséquilibre flagrant entre les territoires et une concentration des projets retenus notamment en Ile de France ».

S’il faut féliciter le Centre de ressources informatiques de Haute-Normandie (CRIHAN), soutenu par la Région depuis plusieurs années qui est l’un des laboratoires porteur du projet EQUIP@MESO, on est légitimement en droit de s’interroger sur les raisons pour lesquelles aucun autre projet n’a été retenu alors que certains étaient portés par des laboratoires reconnus comme les plus compétents au monde dans leur secteur d’activité !

Alors que la Région investit massivement -au-delà de ses compétences- dans la recherche, au moment où elle amplifie encore ses efforts, que ce soit en soutenant les grands réseaux de recherche, en lançant un vaste appel à projets dans le secteur des énergies, en finançant les grands équipements structurants, ou en doublant le nombre des allocations doctorales, l’absence de financements de l’Etat ne peut être compris.

La Région ne peut que regretter la méthode mise en œuvre pour monter et porter les dossiers haut-normands. En associant l’ensemble des partenaires concernés, en privilégiant le collectif, une plus grande reconnaissance des projets régionaux aurait indéniablement été au rendez-vous.

Notre région produit de la richesse grâce à ses ports, ses grands centres industriels ou ses centres de production énergétique. Pour que notre industrie demeure performante, celle-ci doit s’adapter, innover, et donc s’appuyer sur une recherche publique puissante. La Haute-Normandie est donc en droit d’attendre de l’Etat un effort notable pour la recherche publique, à la hauteur de la richesse qu’elle produit pour la Nation.

D’autres appels à projets sont attendus dans les prochains mois. Un rééquilibrage est indispensable en terme de répartition des projets sur le territoire national. Le Président de la Région Haute-Normandie appelle solennellement le gouvernement à « rectifier le tir » et à répondre aux enjeux de l’économie de la connaissance. Des projets comme "Genesis" portant sur la thématique des matériaux et des énergies sont toujours en course au titre de l’appel à projets Labex, de même le projet Pirce, portant sur les peptides et les biosciences : les priver une nouvelle fois de soutien financier de l’Etat serait une faute inacceptable du gouvernement.

Le paysage français de la recherche et de l’innovation

Le Rapport biennal « Indicateurs de sciences et de technologies » de l’OST est un ouvrage de référence utilisé par les spécialistes depuis près de 20 ans. Il s’adresse également à tous ceux qui sont curieux de mieux connaître le paysage français et international de la recherche et de l’innovation, et d’en mesurer les évolutions.

Sur la base des chiffres de 2007-2008 on y apprend aussi que la Haute-Normandie est au treizième rang pour la dépense intérieure en recherche et développement civile. Elle est à la neuvième place pour la demande de brevets européens. Les R&D des entreprises représentent 4,5 % du total national, autant que PACA.

L’édition 2010 présente des indicateurs portant sur : La France et ses régions (Partie I), L’Europe, ses Etats-membres et ses régions (Parties II), et Les grandes zones du monde et ses principaux acteurs économiques et scientifiques (Partie III). La rubrique « Regards sur…. » présente des éléments d’éclairage spécifiques (les publications scientifiques de l’Ile de France, la spécialisation technologique des pays européens, l’internationalisation de la technologie mesurée par les brevets en co-inventions…) Le Rapport 2010 compte 250 tableaux d’indicateurs commentés, illustrés par plus de 100 figures.

Le Rapport 2010 est accessible dans sa version intégrale

Le Rapport 2010 est également accessible par partie :