Les débats sur l’Europe, n’ont jamais révélé un tel paradoxe sur la construction européenne. D’un côté, ceux qui soutiennent que la monnaie unique a été instaurée prématurément, que les mécanismes institutionnels adéquats manquaient et que la crise actuelle était prévisible. De l’autre, les discours en faveur d’une intégration approfondie, qui multiplie les points d’ancrage : le Fonds européen de stabilité financière (FESF), les « euro-obligations », mais surtout une gouvernance économique européenne. Etrange débat ou l'on veut bien d'une Europe forte...pourvu que ses instityutions soient faibles!
Paradoxe ? Peut-être pas….. Plus que le manque d’intégration, la crise actuelle révèle la fragilité de l’échafaudage européen. Bruxelles est souvent le bouc émissaire tout désigné pour des dirigeants européens pressés par leurs opinions. La difficile lisibilité des actions de la Commission et la prise de décisions à 27 dans les sphères politiques les plus hautes et donc les moins transparentes donnent l’image d’institutions européennes en déficit démocratique.
Trop puissantes pour beaucoup, ces institutions sont également contraintes par l’inter-gouvernementalisme (voir la note de Télos : l’intergouvernemental ne marche pas !) et la culture de l’unanimité et donc celle du compromis et du consensus. La crise actuelle illustre l’ampleur de cette dichotomie : comment régler une crise européenne sans pouvoir s’appuyer sur des institutions européennes capables d’y répondre ?
Une contribution au débat de l’IFRI entend se confronter à deux dossiers de fond. Dans un premier temps, il s’agit d’analyser les différentes facettes de la problématique de l’intégration : où en sommes-nous ? Une intégration plus forte est-elle inévitable et quelles en seraient les conséquences sur les États membres et les institutions européennes ? Dans un deuxième temps, il s’agit de se demander comment le projet européen va évoluer, et surtout comment ses acteurs vont s’adapter. Quelle place, quel rôle pour le couple franco-allemand ? Assistons-nous à l’émergence de deux Unions, l’une à 17, l’autre à 27 ? Et enfin, cette crise n’est-elle pas l’illustration – s’il en fallait une – du fait que l’Europe est éminemment intégrée dans un système global dont elle n’est pas le centre mais seulement une composante, certes importante ?
Cette crise révèle quatre éléments marquants. Tout d’abord, seul le moteur franco-allemand semble adéquat pour prendre le problème à bras-le-corps. Le deuxième aspect marquant de cette crise est le fossé grandissant entre l’Union des 17 – les membres de la zone euro – et celle des 27. Le troisième aspect du débat porte donc sur la question de l’intégration. Le dernier aspect de cette crise politico-économique concerne la place de l’Union sur l’échiquier international.
Dans ce contexte, quelles sont aujourd’hui les lignes de clivage entre pro-européens et eurosceptiques? Les catégories de population qui soutenaient le « oui » en 1992, voire en 2005, comptent-elles parmi les partisans d’une nouvelle étape dans l’intégration ? Assiste-t-on à des réalignements sociologiques ou idéologiques sur la question européenne ? Pour tenter de répondre à ces questions, Jérôme Fourquet dans une note de la Fondation Jean Jaurès a comparé les résultats d’enquêtes sur les intentions de vote lors des référendums sur Maastricht en 1992 et sur le Traité constitutionnel européen (TCE) en 2005 avec ceux de sondages réalisés actuellement par l’IFOP. Téléchargement Note de Jerome fourquet sur europe
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