L’enseignement de l’économie dans les universités est-il condamné à la pensée unique : 84,2% des 209 recrutements de professeurs des Universités entre 2000 et 2011, sont du même courant de pensée économique et ce taux se dégrade d’année en année.
De nombreux indices de cette pensée unique existent. C’est l’Association française d’économie politique (Afep), qui le démontre et s’en inquiète : « La situation actuelle ne révèle pas seulement une crise de l’économie, mais également une crise intellectuelle profonde, celle de la pensée économique. Les causes de cette crise sont nombreuses, les solutions se situent entre autres dans l’inventivité théorique et pratique. Mais nous souhaitons pointer ici une cause institutionnelle, qui bloque cette inventivité et à laquelle une réponse politique, simple et rapide, pourrait être apportée. Une solution qui redonnerait, immédiatement, du souffle à la réflexion sur les affaires économiques et sociales de notre temps. »
Créée voici à peine cinq ans, l’AFEP regroupe plus de 600 économistes, chercheurs ou professeurs d’université ; elle mène un combat courageux en défense du pluralisme, et a eu l’idée de conduire une étude minutieuse sur la nature des recrutements des professeurs d’économie à l’Université.
Un groupe de travail de l’Afep, coordonné par Florence Jany-Catrice (Université de Lille 1), a épluché les curriculum vitae, publications et travaux de recherche des 210 personnes qui ont été recrutées entre 2000 et 2011, c’est-à-dire au cours des dix dernières années sur les lesquelles les statistiques sont disponibles.
L’analyse des données ainsi dépouillées n’a certes pas été simple car les frontières entre les économistes qui se situent dans le mainsteam et ceux qui peuvent se situer dans des courants de pensée hétérodoxes ne sont pas toujours simples à établir, d’autant que certains économistes ont pu eux-mêmes évoluer dans un contexte de turbulences économiques historique.
Mais enfin ! Même si une marge d’erreur possible est possible, les conclusions de l’enquête sont sans appel.
Selon elle, un bon moyen d’éviter cette mort programmée du pluralisme serait de créer une nouvelle section du Conseil national des universités (CNU), l’instance décisive qui donne une validation scientifique aux travaux universitaires et qui constitue donc un verrou pour les recrutements. Selon l’Afep, à côté de l’actuelle section « économie » devrait donc être créée une section « économie et société ».
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