La jeunesse, l'âge ont été présentés à plusieurs reprises par certains médias ou candidats comme une sorte de talisman de campagne électorale, conforté il est vrai par les « mandats de trop ».
Mais cette référence exclusivement à l’âge, ce jeunisme n'est souvent qu'une dérive du politique en l'absence de projet, ou pour discréditer un concurrent dans une compétition interne.
C'est un mal qui n'est pas nouveau mais qui s'est fortement accru ces dernières années dans tous les partis et qui contribue à miner la politique.
Le jeunisme n'est qu'une idéalisation de la jeunesse, c'est le fait de faire prédominer cette classe d'âge sur les autres. C'est oublier la diversité des jeunes, et qu'à peine un quart des jeunes non diplômés, a voté !
Le jeunisme révèle une société de plus en plus individualiste, traduisant un narcissisme surdéveloppé et surexploité, la dictature de l’instantanéité. C'est de fait renoncer à tout projet à long terme : c’est aller au plus court. Le risque à la longue est de ne plus vivre que dans l'urgence et le stress, l'inconstance et la superficialité.
Comme le dit si bien Régis Debray dans "le bel âge", "le jeunisme est l'ennemi numéro 1 des jeunes".... "Pas plus qu'il suffit d'avoir 70 ans pour être un sage plein de fermeté d'âme, il ne suffit d'en avoir 20 pour un être un révolté défiant la force des choses".... En 2012, il demandait :"Entre Stéphane Hessel, nonagénaire sans allégeance et la demoiselle Le Pen, de quel côté placer la jeunesse du monde" ?
Si le sexisme portait l'amour des sexes, si le racisme portait l'amour des races, cela se saurait.Le jeunisme , c'est transformer le renouvellement nécessaire en conflit de générations, alors qu'en politique plus encore peut être, qu'ailleurs, l'expérience compte, et pas seulement en terme de notoriété !
C'est en plus, ne pas tenir compte des pratiques électorales différentes au fil des générations, et du vieillissement de notre société.
Le jeunisme , c'est confondre la promotion de quelques uns dans leur carrière, avec un projet collectif pour la jeunesse, c'est nier l'importance des valeurs partagées . C'est transformer quelques jeunes en gadget électoral, en support publicitaire .C'est pour certains anciens en se grimant en jeunes, le moyen d'apparaitre moderne.C'est souvent oublier les quelques 120000 jeunes qui sortent chaque année sans diplôme en se focalisant sur les jeunes diplômés.
La promotion de la jeunesse, ce n'est pas promouvoir quelques jeunes qui n'ont comme horizon, comme expérience, que la politique politicienne ou les appareils politiques, qui ont surtout l'ambition d'une carrière politique ou professionnelle, totalement liée à la politique.
Nous avons besoin de jeunes "normaux" pour reprendre un qualificatif connu! Normaux c'est à dire qui s'inscrivent dans un parcours professionnel réel, qui ont déjà une pratique, un souci du collectif, au sens de l'intérêt général et non du clan, en s'inscrivant par exemple dans une démarche associative, syndicale...
Les jeunes savent bien que la réussite demande du temps, un apprentissage. Offrons leur cette possibilité d'intégration dans des équipes, aidons les a acquérir ce sens du collectif alors que tout les poussent à l'individualisme.
Ne faisons pas croire que le critère de la réussite c'est celui de l'âge : ils découvriront bien vite que la jeunesse, c'est ce qui passe le plus vite ! Et comme le disait Pierre Bourdieu " la jeunesse n'est qu'un mot"!
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