Pour la deuxième fois de son histoire, l’humanité se trouve en danger du fait des outils technologiques dont elle s’est dotée.
La conscience qu’une telle situation était possible l’avait déjà effleurée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’apparition et le développement des armes nucléaires avaient rendu imaginable la destruction de toute vie sur notre planète. La nature évidente et immédiate du risque avait cependant permis à la raison de maîtriser le danger : toute personne qui pouvait déclencher une guerre n’avait plus l’assurance de pouvoir espérer y survivre.
La réalité d’aujourd’hui est tout aussi dangereuse mais elle l’est de façon beaucoup plus sournoise. Ce sont le maintien et la généralisation du type de développement des pays les plus avancés qui peuvent conduire à la disparition de notre espèce : réchauffement et dérèglement climatiques découlant des activités humaines peuvent finir par mettre fin à celle-ci.
Mais comme le calendrier de cette menace demeure incertain, le risque est plus difficile à percevoir et donc la raison davantage en peine pour s’imposer alors que les problèmes de vie, voire de survie quotidienne, sont ce qu’ils sont pour une majorité d’êtres humains ! Comment convaincre un habitant du Sud de ne pas couper un arbre lorsque là est le seul moyen d’assurer la cuisson de sa nourriture ? Comment convaincre un habitant du Nord d’investir pour économiser l’énergie lorsque son niveau de revenu ne lui permet pas l’épargne ?
À l’approche de la Conférence de Paris en 2015, Gérard Fuchs dans une note pour la Fondation Jean Jaurès (Téléchargement Note changement climatique ), s’intéresse à cette question du réchauffement climatique, et plaide pour la mise en place d’un nouveau modèle de développement qui remettrait l’humain et la politique au centre, dans trois directions :
Restreindre les émissions des gaz à effet de serre
Une politique volontariste d’économies d’énergie: Pour que la restriction des émissions de gaz à effet de serre (GES) devienne une priorité, il est nécessaire d’introduire une politique d’économies d’énergie où les efforts dans le domaine de l’habitat, du transport et de l’industrie seraient renforcés.
Le développement des énergies renouvelables: Présentant à la fois des avantages et des inconvénients, les énergies renouvelables (l’hydraulique, le solaire, les biocarburants, l’éolien) doivent être étudiées et se développer, ce qui ne permet pas sur le court terme de réduire le recours au nucléaire.
La préservation et le développement des puits de carbone: Lutter contre la déforestation, prendre en considération la capacité d’absorption des océans, dresser le bilan des pratiques agricoles et étudier le stockage des GES demeurent les éléments principaux dans la régulation du volume des GES.
Lutter contre la pauvreté et les inégalités
De nouvelles voies pour le développement : Les pays du Sud ne doivent pas emprunter la même voie que les pays du Nord. Développer les technologies liées aux énergies nouvelles et en permettre l’accès à tous sont par conséquent indispensables.
Accroître les transferts financiers vers les pays pauvres: La réduction des GES entraîne un coût important. C’est pourquoi il faut aider les pays pauvres à travers l’aide publique au développement mais aussi la distribution de quotas de « droits à polluer » par pays.
Réduire les inégalités internes aux pays: Une aide doit être fournie aux citoyens pour faciliter l’application des politiques environnementales. La réduction des inégalités provoquerait également une baisse de la natalité qui diminuerait ainsi la pression exercée sur l’environnement.
Des politiques volontaristes d’incitation et de réglementation:
Des objectifs: Pour stabiliser les températures, un niveau maximum d’émission de GES par habitant dans chaque pays devrait être fixé. Les pays les plus développés prendraient des engagements de baisse, les pays en développement de limitation. La signature d’un Protocole de Kyoto universalisé à la COP 21 serait l’objectif à atteindre.
Des moyens: Des normes nationales, européennes et mondiales pénaliseraient le cas échéant les Etats et les entreprises. Sur le principe pollueur-payeur, ces pénalités doivent avoir un réel effet dissuasif afin d’empêcher les scandales environnementaux.
Des recettes nouvelles: Créer un impôt nouveau sous la forme d’une taxe sur les émissions de GES constituerait un signal fort. Dans ces conditions, seule la mise en place d’un autre modèle de développement permettrait la réduction des émissions des GES.
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