La Région Haute-Normandie, en partenariat avec Science Action Haute-Normandie, propose tout au long de l’année neuf rendez-vous (un jeudi soir par mois à 20h30) dans l’hémicycle du Conseil Régional : « Les Forums régionaux du savoir ».
Parrainés par Axel Kahn « Les Forums régionaux du savoir » sont ouverts à tous les curieux qui s’intéressent à l’évolution de la recherche et à ses applications dans notre quotidien.
Pour cette 8ème édition, neuf rencontres sont organisées à l’Hôtel de Région ; professeurs, directeurs de recherche, scientifiques, venus de toute la France, aborderont des thématiques diverses et complémentaires : importance des mathématiques, rythmes biologiques, défi des énergies…
L'entrée aux Forums est gratuite mais sur inscriptions, en raison du nombre limité de places. Pour vous inscrire rendez vous sur le site; Télécharger la plaquette de la programmation 2014 .
Découvrez le programme 2014 ci après :
- Le 30 janvier : " Mathématiques du hasard et de l'évolution"
Intervenante - Sylvie Méléard : Professeur, Présidente du Département de Mathématiques Appliquées de l'Ecole Polytechnique, Porteur de la Chaire "Modélisation Mathématique et Biodiversité" (Véolia Environnement, Muséum National d’Histoire Naturelle, Ecole Polytechnique) Lorsque l'on évoque Darwin et la théorie de l'évolution, on ne pense pas aux mathématiques. Pourtant dès que l'on s'intéresse aux mécanismes de la sélection naturelle, au hasard de la reproduction et au rôle des mutations, il est indispensable de les utiliser. Après une introduction historique aux idées de Darwin sur l'évolution des espèces, nous expliquons l'impact de sa théorie et de ses réflexions sur la communauté scientifique et l'influence qu'il a eue sur la modélisation mathématique des dynamiques de population ou de la génétique des populations. Nous développons quelques exemples d'objets mathématiques, tels les processus de branchement, qui permettent de prédire le futur d'une population (son extinction, sa diversité…) ou au contraire d'en connaître le passé biologique (l'anc&ecir c;tre commun d'un groupe d'individus par exemple). L'introduction du hasard dans la modélisation des questions liées à la biodiversité et à l'évolution est fondamentale. Elle permet de prendre en compte les variabilités individuelles et de mieux comprendre l'impact des facteurs écologiques et génétiques sur l'évolution des espèces. Ces idées seront illustrées par des exemples issus de travaux récents développés entre mathématiciens et biologistes.
- Le 20 février :" Il était une fois la théorie des ensembles… ou l'histoire d'un malentendu "
Intervenant - Patrick Dehornoy : Professeur de mathématiques à l'université de Caen, membre senior de l'Institut Universitaire de France Il y a longtemps, une bien étrange maladie se répandit dans les écoles et les lycées de France, la théorie des ensembles. Personne n'en mourut, mais grandes furent la perplexité et l'incompréhension, et bien des gens en gardèrent une durable rancoeur contre les mathématiques. Heureusement, l'épidémie s'éteignit d'elle-même au bout de quelques années, les professeurs et leurs élèves retrouvèrent le nord, et on finit par oublier ce qui, un temps, avait créé un si grand émoi. C'est sur cette histoire qu'on reviendra ici, pour chercher à comprendre comment la magnifique aventure scientifique lancée à la fin du dixneuvième siècle par un visionnaire, Georg Cantor, et développée au vingtième par les génies que furent Kurt Gödel et Paul Cohen a pu, par une sorte de malentendu d û à ses succès eux-mêmes, se transformer en un dogme abscons envahissant jusqu'à l'enseignement élémentaire. L'aventure au demeurant n'est pas terminée, et on essaiera également d'expliquer un peu ce qu'est vraiment, aujourd'hui comme au temps de Cantor, la théorie des ensembles, à savoir une exploration de l'idée de l'infini, cette notion mystérieuse et fascinante dont les humains partagent l'intuition mais qu'ils comprennent toujours aussi mal.
- Le 27 mars : " Les rythmes au coeur de la vie "
Intervenant - Paul Pévet : Directeur de Recherche au CNRS, Institut des Neurosciences Cellulaire et Intégratives UPR 3212, CNRS-Université de Strasbourg, Strasbourg. L’existence des rythmes biologiques est connue depuis l’antiquité et les débats qui agitent l’opinion lors des changements saisonniers d’heure légale, montrent leur impact profond dans le grand public. En fait, les rythmes observés dans les processus biologiques et physiologiques sont une donnée fondamentale de tous les êtres vivants, végétaux et animaux, de l’organisme unicellulaire à l’homme. Pour survivre, les êtres vivants doivent s’adapter et anticiper les changements physiques de l’environnement (cycle jour/nuit, variations climatiques associées aux saisons). Le cycle veille/sommeil, le cycle d’activité locomotrice, l’involution et la reprise de l’activité sexuelle au cours de l’année, le cycle d’hibernation sont des exemples précis de ces processus physiologiques d’adaptation. Chez l’Homme, de nombreux travaux associent une perturbation des rythmes biologiques avec certaines pathologies. Par exemple, une déstructuration du sommeil et des rythmes physiologiques et hormonaux est décrite dans certains troubles neurologiques et psychiatriques. Une déstructuration des rythmes touche également les personnes âgées. Comprendre et agir sur les rythmes biologiques apparaît donc fondamental en termes de santé publique et, grâce aux connaissances acquises, plusieurs approches peuvent maintenant être utilisées pour manipuler les rythmes biologiques.
- Le 17 avril: " De la brocante à la culture. Pourquoi préserver le patrimoine de la science contemporaine ? "
Intervenant - Robert Halleux : Directeur du Centre d’Histoire des Sciences et des Techniques (CHST) à l’Université de Liège. Ce forum est organisé en lien avec RéSitech HN*. Dans un laboratoire prospère, le matériel obsolète part à la benne. Dans un laboratoire moins riche, il est cannibalisé. Quand un chercheur part à la retraite, son bureau est vidé. Alors que le 20ème siècle a connu plus de révolutions scientifiques que tous les autres ensemble, sa mémoire se perd. Pour arrêter l’hémorragie, des initiatives clairsemées et anarchiques ont d’abord préservé en vrac, un peu partout dans le monde. Ensuite, elles se sont coordonnées au niveau national et international, et à présent se posent les questions méthodologiques (que garder, que jeter ?) et les questions épistémologiques : quelle sera la contribution des matériaux ainsi glanés à la recherche et à l’enseignement de l’histoire des sciences, ainsi qu’à la culture scientifique ? Le présent exposé entreprend d’y répondre.
- Le 22 mai: " 2014, Année Internationale de la Cristallographie : du diamant à l’ADN, ou comment les atomes s’ordonnent dans les solides"
Intervenant - Denis Gratias : Directeur de Recherches au CNRS, Professeur à l’Ecole Polytechnique et à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris, Membre correspondant de l’Académie des Sciences, Médaille d’Argent du CNRS, prix Jean Ricard de la SFP. Les cristaux ont fasciné les hommes depuis la nuit des temps par leur capacité à réfléchir et réfracter la lumière. Mais ce n’est qu'au 18ème siècle que naît la cristallographie avec l'abbé Haüy qui établit une classification systématique des cristaux à partir des orientations relatives de leurs facettes naturelles. Au début du 20ème siècle, les expériences de Von Laue de diffraction des rayons X, conduisent à la définition microscopique des cristaux : un cristal est un solide dont les atomes sont distribués de façon triplement périodique dans l'espace. Cette propriété fondamentale n'autorise qu'un petit nombre de symétries des arrangements atomiques. La répétition périodique d’un arrangement atomique est ainsi considérée comme la seule possib ilité d’ordre géométrique et les cristaux comme les seuls solides ordonnés de l’univers. La découverte des quasicristaux en 1982 (Nobel 2011) — solides aux propriétés paradoxales de cristaux présentant des symétries incompatibles avec la périodicité — va bouleverser ce paysage, remettre en question les fondements de la cristallographie et lui donner une nouvelle jeunesse. Parallèlement, les moyens modernes d’investigation de la structure de la matière modifient en profondeur notre visualisation du monde à l’échelle atomique, de la physique et la chimie à la biologie et la médecine.
- Le 26 juin : " Chimie et Energie : des carburants à partir de l’eau et du soleil "
Intervenant - Marc Fontecave : Professeur au Collège de France, Chaire de Chimie des Processus Biologiques, Membre de l'Académie des Sciences L’énergie est le grand défi de l’humanité du 21ème siècle. L’augmentation de la population mondiale, la croissance économique des grands pays de la planète, la disparition programmée des sources d’énergie non renouvelables (pétrole, charbon, gaz et même uranium), enfin la nécessité de limiter la production des gaz à effet de serre nous obligent à l’innovation en matière de technologies de l’énergie, et ce de façon urgente. Cette innovation viendra d’un couplage toujours plus important entre recherche fondamentale et recherche technologique. Tout semble indiquer que même si nos sources d’énergie seront diversifiées dans le futur, bien plus qu’elles ne le sont aujourd’hui, le soleil est le seul à même de fournir l’énergie nécessaire à l’humanité d’une façon propre, durable, pendant des milliards d’années. Les divers "carburants solaires", photovoltaïque, biomasse, biocarburants de deuxième et troisième génération, biodiesels et plus particulièrement hydrogène issu de l’eau (photosynthèse) seront discutés. L’occasion sera donnée de montrer comment la chimie, et en particulier l'apparition de nouveaux catalyseurs développés dans notre laboratoire et dans bien d’autres dans le monde, contribue à la mise en oeuvre de ces nouvelles technologies.
- Le 25 septembre : " Notre cerveau social : le système clef pour comprendre les autres "
Intervenante - Catherine Barthelemy : Professeur au CHU de Tours, Physiologiste, Pédopsychiatre, Chercheur INSERM unité 930 Des millions de cellules dans notre cerveau, connectées par des milliards de contacts en perpétuelle activité qui transmettent les informations les plus complexes en un dix millième de seconde. Notre super ordinateur, bien caché dans la boîte crânienne révèle peu à peu quelques secrets de son fonctionnement. Grâce à des machines qui se sont perfectionnées ces dix dernières années, les spécialistes en sciences neurologiques et psychiatriques ont découvert que dans différents sites du cerveau, des systèmes neuronaux étaient spécialisés dans le partage émotionnel, la "lecture" des intentions de l’autre, la coopération naturelle dans l’action, l’empathie. Ces sites cérébraux reliés en réseau, constituent ce qu’on appelle le "cerveau social" imp liqué dans notre vie relationnelle de tous les jours. Ce système cérébral paraît fonctionner différemment chez des personnes ayant un trouble de la communication sociale : c’est le cas des enfants et adultes avec autisme qui ont du mal à percevoir les intentions et les émotions de l’autre et à se mettre "sur la même longueur d’onde" que leur interlocuteur ou leur partenaire. Cette gêne à décoder l’autre se révèle dans l’autisme dès le plus jeune âge, à un moment de la vie où le cerveau est très "malléable", doué d’une grande plasticité et de possibilités de réorganisation fonctionnelle. Les recherches sur le développement de ces compétences sociales humaines et des mécanismes cérébraux qui les sous-tendent ouvrent de nouvelles perspectives pour le repérage précoce de l’autisme et les thérapies neurofonctionnelles de ce trouble dès la toute petite enfance.
- Le 30 octobre : " Jaurès, du 19ème siècle au 21ème siècle "
Intervenant - Gilles Candar : Président de la Société d'études jaurésiennes, Professeur de chaire supérieure au lycée Montesquieu Le Mans 2014 est l'année du centenaire du début de la Grande Guerre, génératrice de massacres et de souffrances. Jaurès, qui avait tant fait pour l'éviter, est mort assassiné juste avant. Patriote, européen, pacifiste, internationaliste et citoyen de l'humanité universelle, Jaurès reste dans nos mémoires pour son combat prémonitoire et pour la modernité de ses vues sur la diplomatie, les rapports entre nationalités et Etats. Si Jaurès est aujourd'hui de plus en plus lu ou étudié, ce n’est pas affaire de doctrine, mais de méthode, de culture et d’idéal. La démocratie n’est pas pour lui une simple technique ou une contrainte à accepter, mais une nécessité. Comment faire sans elle puisque le but est de construire une République civique, une nouvelle Athènes où la beauté ne serait pas compromise par les injustices et les inégalités ? Une culture qui permet de ne pas succomber à la loi de l’instant, du "mensonge triomphant qui passe" : celui-ci peut être la culpabilité de Dreyfus accusé à tort, ce peut être aussi telle ou telle résignation aux convenances du moment. Jaurès peut se tromper, mais ses erreurs restent rattrapables, car discutées et toujours susceptibles d’être confrontées à leurs intentions proclamées. Un idéal enfin : Jaurès ne concevait son action politique qu’animée par une ambition d’un ordre élevé, une vision générale de l’homme et de la société. Il faut atteindre le maximum de liberté, d’égalité et de fraternité pour les humains car "l’humanité n’existe point encore ou elle e xiste à peine" (18 avril 1904).
- Le 27 novembre : " Renversement du temps, ondes et innovation "
Intervenant - Mathias Fink : Directeur de l’Institut Langevin, Professeur à l’ESPCI ParisTech Peut-on faire revivre à une onde sa vie passée ? La mise au point de véritables "miroirs à retournement temporel" dans le domaine des ultrasons et des ondes électromagnétiques, a permis de tester expérimentalement le renversement du temps ondulatoire dans les milieux de propagation les plus variés. Ces miroirs permettent de focaliser une onde à travers un milieu hétérogène et de la renvoyer "à l'envers" vers sa source initiale. Cet instrument n’apporte pas seulement un éclairage nouveau sur le problème de l'irréversibilité du temps en physique, mais il a d’ores et déjà de nombreuses applications : thérapie, imagerie médicale, télécommunications, sismologie, domotique, acoustique sous-marine.
Commentaires