Un projet de loi du gouvernement de Mariano Rajoy prévoit de limiter le recours à l’avortement aux cas de viols ou de « grave danger » pour la femme enceinte. La décision suscite l’indignation, dans un contexte européen qui se dégrade pour l’IVG.
Rien n’est jamais acquis, surtout pas les droits des femmes. Alors que depuis 2010 l’Espagne était, avec l’Angleterre et les Pays-Bas, l’un des pays les plus progressistes en matière d’avortement – selon le Planning familial, on estime d’ailleurs entre 3 000 et 5 000 le nombre de Françaises qui se rendent chaque année en Espagne pour avorter, en raisons de délais plus longs –, elle régresse aujourd’hui au rang de la Pologne, pays dont la législation est extrêmement sévère et restrictive sur le droit à l’IVG.
La nouvelle sonne comme une gifle à la face des féministes espagnoles, contraintes de ressortir des placards les banderoles qu’elles pensaient avoir rangées pour de bon. « Mi bombo es mio » (« Mon ventre m’appartient »). XXIe siècle oblige, le vieux slogan défile désormais sur les réseaux sociaux. Et si du nord au sud du pays, les mobilisations se multiplient, le PSOE (Parti socialiste) souhaite quant à lui convoquer une assemblée extraordinaire d’ici la fin du mois de janvier, soit avant la réouverture du parlement prévue le 11 février, pour réclamer le retrait immédiat de ce projet de loi qualifié par le porte-parole du parti d’« attentat contre la démocratie ».
La contestation chemine jusque dans les rangs du Parti populaire (PP), parti de la majorité, et il est difficile aujourd’hui de prévoir quelle sera la stratégie du gouvernement Rajoy. En fera-t-il une question d’autorité en maintenant le projet de loi tel quel, ou amendera-t-il quelques points, notamment dans les situations de malformation du fœtus ? Quoi qu’il en soit, l’accès à l’avortement sera sérieusement entravé et le droit des femmes à disposer de leur corps totalement bafoué.
Ce qui se passe en Espagne s’inscrit dans un contexte européen peu enclin à promouvoir l’accès à l’avortement. Récemment, un texte qui réclamait un accès généralisé à la contraception et à des services d’avortement sûrs a été rejeté par le Parlement européen. Ce rapport, porté par la socialiste portugaise Edite Estrela, bien que non contraignant pour les États membres, inscrivait symboliquement l’accès à l’IVG comme un droit européen. Il a été remplacé par un texte porté par des députés conservateurs affirmant la primauté des États sur cette question.
« On l’a déjà expérimenté il y a quarante ans : la force de conviction et de mobilisation va être essentielle sur ces questions », prédit la secrétaire générale du Planning. De fait, en Espagne, les féministes et opposants au projet de loi se préparent à monter dans le train de la liberté qui partira le 31 janvier des Asturies pour rejoindre Madrid le 1er février. Des délégations féministes françaises seront également du voyage.
Vous pouvez signer cette pétition contre ce recul du droits des femmes
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