Chacun peut faire le test suivant : depuis trente ans, qu’est-ce-qui a le plus modifié son mode de vie ? La chute du Mur de Berlin ou l’usage de l’ordinateur, des courriels ou du téléphone portable? Avec la place grandissante des techno-sciences dans le quotidien, le rapport au monde et aux autres s’est radicalement transformé.
Le risque est de réduire les questions posées à celles, essentielles certes, des cultures d’organismes génétiquement modifiés (OGM), du dérèglement climatique ou de l’avenir de l’énergie nucléaire. Le scandale du Médiator a mis à jour la question du rôle et de la place des experts dans les décisions sanitaires, de leur contrôle démocratique et des conflits d’intérêts.
Qui parle aujourd’hui, dans le débat public, de l’HGM (homme génétiquement modifié) ? Quelle place vont prendre demain – après les écrans de nos ordinateurs –dans nos postes de travail ou à domicile les robots, sans parler de leur forme désormais possible de robot humanoïde? Quelle place revient aux peuples et à leurs représentants dans les choix essentiels qui vont cependant structurer leur avenir ? Nous savons que, Lorsqu’une nouvelle technique est devenue disponible, il est trop tard pour en limiter l’usage
Loin de la colère des peuples qui s’exprime dans cette période de crise économique et sociale, loin même de la fureur des armes qui résonne aux portes de l’Europe, c’est sur l’évolution des sciences et des techniques et de leur contrôle nécessaire que se joue l’avenir de notre monde. Depuis le début de l’ère industrielle, l’histoire n’a cessé de montrer combien les technologies structurent les sociétés, beaucoup plus qu’on ne l’appréhende.
D’une manière générale, on anticipe trop rarement les conséquences éthiques, sociales et économiques des technologies émergentes, d'ou l'importance de développer une culture scientifique et technique, de mieux associer les sciences humaines et sociales aus recherches technologiques.
Trois facteurs essentiels expliquent ce manque de Réactivité : une mauvaise connaissance des nouvelles technologies et de leurs effets. Par exemple l’automatisation des ordres de mouvements de capitaux peut désormais être exécutée en un millième de seconde en réponse à une information elle-même numérisée, ce qui ne peut qu’augmenter les risques de déstabilisation des marchés, et, par contrecoup, de l’économie réelle elle-même.
Par ailleurs, on ne perçoit pas clairement l’échelle de temps nécessaire pour que les technologies aient un impact économique : Cela n’aide pas à anticiper les retombées positives ou négatives que pourrait avoir telle ou telle technologie sur le développement de la société si celle-ci était mise en œuvre. Cette « myopie » peut générer des surcoûts importants selon que la décision politique est prise de ne pas développer une technologie alors qu’il aurait fallu le faire, ou, à l’inverse, d’en développer une alors qu’elle est en passe de devenir obsolète. Le Plan calcul illustre bien ce qu’ont coûté à la France les erreurs de choix, ou de non choix, technologiques et industriels.
Enfin, la conjonction de ces deux conduit facteurs à gérer dans l’improvisation les réactions négatives de l’opinion face à une technologie donnée. Or aujourd’hui, les citoyens veulent non seulement donner leur avis sur le développement des technologies mises en œuvre, mais aussi intervenir dans les processus de décision.
On observe facilement à quel point c’est difficile de tenir compte simultanément de ces trois facteurs, technologiques, économiques et sociétaux. Il en ressort une anxiété et une défiance croissante des citoyens à l’égard des scientifiques et des ingénieurs.
En s’appuyant sur l’exemple de deux ensembles de technologies émergentes, la biologie de synthèse et les nanotechnologies, cet essai tente de montrer la nécessité de prendre en compte, le plus en amont possible, les conséquences sociales, économiques et éventuellement éthiques du développement de nouvelles technologies, et des nouveaux produits qu’elles engendrent. Il tente aussi de débattre de l’avenir des nouvelles technologies de production de l’énergie, ou de son stockage. Téléchargement Essai sur les Nouvelles technologies
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