Les élections locales du 2 mai 2013 en Grande-Bretagne ont marqué un tournant dans le contexte politique du pays car elles avaient valeur de test sur l’état des forces politiques ; elles s’inscrivent ainsi déjà dans la préparation de l’élection générale de 2015 qui décidera du nouveau Premier ministre. C’est ce que montre Nathan Pamart dans une note pour la Fondation Jean Jaures. Téléchargement Les résultats des élections locales britanniques du début mai 2013
Les élections locales du 2 mai 2013 ont marqué un tournant dans le contexte politique britannique. Les 35 county councils, pratiquement tous en zones rurales, étaient appelés à élire leurs représentants. Les responsabilités des shire counties sont relativement limitées au Royaume-Uni. Elles comprennent la gestion des écoles primaires et des bibliothèques, la gestion de certaines aides sociales, les décisions de planification urbaine (délivrance de permis de construire), l’entretien des routes et la collecte des déchets. Chaque membre du county council représente une circonscription locale, où le mode d’élection est celui du scrutin majoritaire à un tour. Le parti qui parvient à rassembler une majorité de conseillers obtient ainsi le contrôle du county counil.
En dépit de leur faible impact sur les choix de politique nationale, les élections avaient valeur de test sur l’état des forces politiques et s’inscrivent ainsi déjà dans la préparation de l’élection générale de 2015 qui décidera du nouveau Premier ministre.
Le grand vainqueur est l’UKIP : UKIP est un parti eurosceptique et populiste de droite. Formé en 1993 pour défendre la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, UKIP se présente aujourd’hui comme un parti « démocratique et libertarien », c’est-à-dire en faveur du libre-marché, et cherche à justifier la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne par des arguments économiques. UKIP exprime le malaise d’une partie de la société britannique, laissée pour compte dans l’évolution libérale de la société et de l’économie du pays, particulièrement touchée par les mauvaises conditions économiques – croissance faible, augmentation du coût de la vie – et par les politiques d’austérité qui ont réduit drastiquement l’emploi public et les aides de l’Etat.
Ses électeurs partagent les valeurs eurosceptiques de UKIP et perçoivent l’avènement d’un Royaume-Uni moralement plus libéral et plus ouvert à l’immigration comme une menace. Contrairement aux idées reçues, les analyses des résultats semblent aussi montrer qu’UKIP a pris des voix à tous les partis et pas uniquement au Parti conservateur. Une récente étude a même révélé que la part des électeurs UKIP qui se disent « originairement de gauche » est plus importante que ceux qui sont proches du Parti conservateur.
Pour la gauche anglaise : la route est longue jusqu’en 2015. Si Ed Miliband a attaqué David Cameron suite aux propos de certains conservateurs qui suggèrent une alliance avec UKIP. Le leader du Parti travailliste a reproché au Premier ministre de ne pas s’occuper des problèmes du pays à force de tenter, en vain, de contenir la frange eurosceptique de son parti, rappelant les concessions du Premier ministre faites en janvier sur le sujet du référendum européen, censées avoir calmé les revendications eurosceptiques
Il n’en demeure pas moins que la victoire n’est pas acquise pour le Parti travailliste en 2015. Les résultats des élections ont révélé une poussée moins forte que prévu et mis en lumière que près d’un tiers des électeurs de UKIP venaient des bastions travaillistes. Les électeurs doutent de la compétence du Parti travailliste, en particulier sur les sujets économiques, au cœur de leurs préoccupations.
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