Quand ce n’est pas le plombier polonais, c’est « l’intransigeance égoïste de Merkel », quand ce ne sont pas les produits chinois ou indiens, ce sont les Arabes et leur religion … cette recherche permanente de boucs émissaires face à nos difficultés devient insupportable !
Qu’il y ait Désenchantement, Désillusion, Défiance .... Comment peut il en être autrement tant est profonde la crise et sont décalés certains discours politiques au quotidien .
Qu’il faille un dialogue "intense et sincère" entre la France et l’Allemagne, les deux moteurs de la construction européenne, c’est certain, mais on doit aussi tenir nos engagements et comme le dit Jean Marc Ayrault «l’amitié franco-allemande est indispensable pour redonner un nouvel élan au projet européen et trouver les voies du retour de la croissance».
Plutôt que d’ « envisager le nouveau temps du quinquennat », il serait temps de reconnaître un certain nombre de réalités, et un « choc de vérité » est surement nécessaire.
Le monde a changé : des pays nouveaux se développent, et faut il s’étonner par exemple, que des pays producteurs de pétrole veulent aujourd’hui le raffiner ? La gauche n’est elle pas hostile depuis longtemps au « pillage du tiers monde » ? De nouvelles technologies, ou dans un autre domaine, le réchauffement climatique, rendent les frontières de plus en plus perméables. Il nous faut nécessairement dans ce contexte repenser notre système productif : on ne peut pas vouloir que des pays étrangers achètent nos produits (nos airbus, nos TGV, nos produits de luxe ou agro alimentaires …) et dans le même temps tenir un discours quasi protectionniste autour du « made in France » !
La dette est une réalité que l’on ne peut pas continuer à reporter d’années en années, et continuer à l’accroitre avec des déficits que l’on ne maitrise plus ; on paie déjà aujourd’hui les erreurs sur ce point, des décennies passées , et qui oserait accentuer cette charge pour les générations à venir ? il faut bien sur, distinguer le rythme de remboursement de la dette, et le creusement des déficits aujourd’hui, distinguer l’incroyable folie de vivre au dessus de ses moyens et la nécessité absolue d’emprunter pour investir et relancer l’activité.
L’entreprise est le lieu privilègié de production des richesses : il faut donc lui donner les moyens de le faire, et tout faire pour que le dialogue social y soit reconnu. Les entrepreneurs sont les premiers partenaires du redressement productif, et ne mettons pas les brebis galleuses au premier rang au détriment de tous ceux qui se battent au quotidien. La vie de l’entreprise a besoin de souplesse, les salariés ont besoin de sécurité, laissons au dialogue social le soin de trouver ce juste équilibre.
Alors l’Europe dans tout cela, elle est à la fois essentielle et secondaire : essentielle car c’est l’horizon dans lequel nous devons nous situer à l’échelle de la globalisation, mais secondaire car beaucoup de décisions nous appartiennent. Et lorsque nous n’arrivons pas à prendre ces décisions, ne détournons pas l’attention sur les inévitables difficultés que crée la nécessité de s’entendre à 27.
Le président du Parlement européen, le social-démocrate allemand Martin Schulz, a estimé, avec raison, qu’on ne pouvait «pas accuser Angela Merkel de décider seule, alors qu’il y a 26 autres dirigeants autour de la table» au Conseil européen et que l’Allemagne «n’a qu’une voix». Peut-on en vouloir aux pays du nord de l’Europe, et pas à la seule Allemagne, d’hésiter à mutualiser des dettes qui se sont plutôt développées dans les pays du sud ? N’est-il pas légitime qu’ils demandent quelques contreparties avant de les mutualiser pour qu’elles cessent d’augmenter ?
Il y a sans doute des choses à améliorer dans le fonctionnement gouvernemental actuel mais la lisibilité du cap est essentielle, et la clarté des objectifs économiques et sociaux en est un aspect fondamental. Le volontarisme sans retenue conduit à la désillusion, le réalisme sans ambition conduit à la soumission : alors oui à une détermination résolue pour la réforme, dans la justice et pour l’avenir, sans la protection illusoire de boucs émissaires !
Merci Dominique pour cette explication précise et très opportune en ces temps de remous contradictoires dans l'opinion et au cœur de la gauche socialiste. Les attaques continues contre Merkel sont innopé-
rantes. Balayons déjà devant notre porte pour y voir clair et nous serons plus convaincants vis à vis des 26. Courage , clairvoyance et ténacité feront plus que les discours illusionnistes et envoûtants de certains prédicateurs démagogiques qui ne peuvent que conduire au désordre et à l'autoritarisme. Nous n'en avons pas besoin.
Michel
Rédigé par : CHATAIGNER | 30 avril 2013 à 11:15