L’accord social du 11 janvier marque t il un "tournant social" comme certains le suggèrent? Il doit faire l’objet d’une transcription législative, et le pouvoir politique peut porter deux regards sur un tel accord :
- un regard sur le contenu, et vouloir corriger tel ou tel aspect en fonction de son propre jugement sur cet accord, pour certains « un recul social » , et pour d’autres des « avancées significatives »
- un regard sur le soutien à un accord, ratifié par les partenaires sociaux, selon les règles de majorité en vigueur actuellement, que l'on peut contester, mais qui prévalent aujourd'hui.
On voit bien aujourd’hui les limites de l’action de l’État dans les mécanismes de régulation économique et social, et dans le contrôle de ces mécanismes. Il est important qu’il y ait des corps intermédiaires puissants qui puissent l’accompagner dans cette mission, au plus prêt des réalités vécues par les salariés. Les syndicats ont obtenu, dans la dernière phase de la négociation, qu'il y ait des représentants des salariés avec voix délibérative dans les conseils d'administration : c’est un nouveau pas pour la démocratie sociale.
Ce point a fait l’objet d’un clivage très net pendant la campagne électorale entre N.Sarkozy et F.Hollande , celui-ci plaidant pour un renforcement des partenaires sociaux et du dialogue social. On ne peut pas plaider pour des négociations sociales et lorsqu’un compromis est acté, le refuser parce qu’il ne va pas dans le sens qu’il convient. Ne pas le faire aurait deux conséquences dommageables :
- affaiblir encore un peu plus les organisations syndicales dont on a pourtant bien besoin pour défendre en permanence les plus fragiles en période de mutations comme celles que nous vivons
- réduire à néant toute démarche de dialogue social à l’avenir puisque ce serait désavouer ceux qui se sont engagés dans la construction d’un tel accord.
Un accord n’est jamais qu’une étape, et un moyen de montrer l’utilité d’une démarche syndicale dans la durée. Le syndicat ne devrait pas exister pour les salariés que dans les périodes de conflits ; il doit construire des propositions positives.
Le syndicalisme de contestation qui s'oppose systématiquement, qui multiplie les coups médiatiques ne peut devenir que de plus en plus minoritaire. L’agression contre les vitrines du local du Parti Socialiste au Havre, le blocage impopulaire du tramway du Havre le jour de son inauguration , l’ occupation de la tribune de la cérémonie des vœux du Président du Département de Seine- Maritime au Havre , ou l’agression contre les vitrines d’un syndicat signataire, sont autant de marques d’une action syndicale minoritaire peu propice à l’adhésion du plus grand nombre.
La promotion de l’un ou de l’autre est un véritable choix politique, pour des syndicats plus forts, pour une démocratie sociale plus forte.
Enfin Deluzet dans cette note, insiste sur l'importance d'engager rapidement les négociations complémentaires pour mettre en oeuvre cet accord. Téléchargement Un accord pour la compétitivité et l'emploi
Commentaires