Le livre de Laurent Davezies sur "les fractures territoriales" mérite une attention particulière , pas seulement parcequ'il prévoit des difficultés accrues sur certains territoires, mais parce qu'il aide à mieux comprendre la dynamique propre à chaque territoire . Laurent Davezies s'appuie sur le découpage en près de 400 bassins d'emploi du territoire français . Il examine sur chacun d'eux l'origine des revenus:
- publics avec essentiellement les emplois publics ou les revenus de transferts de solidarité (retraite, sociaux, ..)
- marchands et industriels ;
Les salaires publics représentent selon les territoires entre 8 et 25% du revenu disponible des ménages, les prestations sociales de 9 à 27%, et les pensions de 13 a 42%; c'est dire les contrastes existant entre certains territoires. Dans 121 zones d'emploi, l'emploi public a davantage progressé que l'emploi public sur les 10 dernières années!
Cette analyse reprend les logiques déjà évoquées ici, d'économie productive et d'économie résidentielle . Il distingue sur cette question des revenus, 4 types de bassin d'emploi :
- les territoires marchands dynamiques ( 36% de la population ),composés surtout des grandes métropoles
- les territoires non marchands mais dynamiques bénéficiant des pensions et salaires publics et du tourisme (44% de la population)
- les territoires marchands mais non dynamiques (8%), constitués des bassins industriels les plus déprimés
- les territoires ni marchands ni dynamiques (12%), dépendant surtout des revenus sociaux.
Son analyse est que que les bassins à dominante "public" s'en sont plutôt mieux sortis , bénéficiant par le passe d'une certaine stabilité , voir d'une croissance de ces revenus de transferts. Jusqu'ici les financements publics et sociaux ont joué un rôle d'amortisseur des chocs économiques : les territoires les plus dynamiques apportant ces financements en période de croissance tandis que la crise productive survenant, l'endettement public en permettait la poursuite, faisant ainsi que ces territoires pouvaient donner l'impression qu'ils s'en sortaient mieux. Le nouveau contexte de lutte contre les déficits publics l'amène à penser que désormais c'est l'inverse qui pourrait survenir.
C'est tout un modèle de croissance, d'aménagement du territoire, de consommation alimentée par l'endettement, qui pourrait être remis en question avec les conséquences locales que l'on imagine.
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