Le Ministre de l’enseignement supérieur a cru bon de mettre en cause les Régions dans les problèmes actuels des universités. L’association des Régions de France a vivement réagi.
On connaît l’origine de leur situation financière déjà très tendue, alors que des ressources importantes avaient été promises par l’Etat pour accompagner l’autonomie, leur budget de fonctionnement n’est réévalué que de 1,2 % en 2012 (0,9 % pour les écoles d’ingénieurs), soit beaucoup moins que l’inflation. Sans ressources supplémentaires, l’autonomie risque de se transformer en piège.
Le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche est boycotté, les syndicats et des présidents d’universités protestent, mais pour le ministre, les coupables, ce sont notamment les Régions qui auraient dû une nouvelle fois compenser l’insuffisance de l’Etat et les promesses non tenues du Gouvernement.
Mais il faudrait savoir. L’Etat ne peut pas à la fois avoir réduit les ressources des Régions, avec la réforme de la fiscalité locale et la réduction des dotations, les accuser contre toute objectivité de participer au creusement des déficits publics et passer son temps à les solliciter sur les grandes compétences nationales, auxquelles elles apportent un concours déjà très important : rappelons que les Régions soutiennent à elles seules davantage la recherche que l’ANR (Agence Nationale de la Recherche).
Si les Régions ont à cœur de financer l’enseignement supérieur et la recherche pour préparer l’avenir de leur territoire et de nos jeunes, il ne s’agit pas d’une compétence décentralisée mais de la seule responsabilité de l’Etat. Les Régions ont pallié son sous-investissement autant qu’elles le pouvaient parce qu’elles ont vu la réalité de la situation de l’enseignement supérieur. Elles investissent ainsi chaque année 850 millions d’euros dans l’enseignement supérieur et dans la recherche, soutiennent fortement les plans Campus ou les investissements d’avenir même si elles n’ont pas été associées aux choix comme l’aurait voulu l’esprit Républicain. Pas une seule fois, dans la bouche des ministres successifs, on a entendu l’Etat le reconnaître.
On aimerait en revanche que le Ministre réponde à ces questions :
- Qu’en est-il du financement réel de la recherche et de l’université, alors que les laboratoires, même éligibles au grand emprunt, annoncent des baisses de leurs crédits récurrents ?
- Quelles compétences veut-on faire exercer aux Régions, sans doute au détriment des lycées?
- Quand les financements liés aux investissements d’avenir seront-ils véritablement affectés ?
- Pourquoi ne jamais associer les territoires aux décisions et ne pas comprendre qu’un Etat décentralisé, moderne, suppose d’accepter des compétences claires dans toute la chaine des pouvoirs publics, avec les ressources correspondantes ?
- Pourquoi les projets d’excellence universitaire ne vont-ils pas de pair avec une vision de l’aménagement du territoire, d’un ascenseur social relancé pour l’accès de tous à l’enseignement supérieur ?
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