Alors que François Hollande a fait de la jeunesse un des thèmes essentiels de sa campagne, il n’est pas inutile de revenir sur le rôle de l’entreprise dans l’insertion des débutants. L’entreprise, via ses pratiques de recrutement et d'intégration de la main d'œuvre, structure le processus d'insertion professionnelle des jeunes.
Pourtant, cet impact est encore peu formalisé. Les textes de ce document en proposent une exploration à trois niveaux d'observation différents, qui peuvent correspondre à trois temps du processus d'insertion : le fonctionnement du marché du travail, les pratiques de recrutement des entreprises et enfin les conditions de l'intégration une fois le débutant recruté.
Le premier texte revient sur les enseignements et les apports de l’analyse sociétale au champ de l’insertion professionnelle des jeunes. Il montre comment la conception de l’entreprise, la construction de l’espace professionnel sur la base des rapports éducatifs, organisationnels et industriels, entre autres, ont inspiré et enrichi tout un pan de recherches sur l’insertion professionnelle, à la fois nationales et internationales. Ces différents éléments conduisent, en conclusion, à questionner les pratiques et les concepts actuellement mobilisés à la fois dans les analyses du système éducatif et du marché du travail. Ne font-ils pas l’impasse sur les enseignements de cette expérience, ici remis en évidence ?
Le deuxième texte s’intéresse aux pratiques de recrutement de jeunes débutants par les entreprises. Mobilisant les données d’une enquête statistique auprès d’entreprises, il montre tout d’abord qu’il n’existe pas de sélectivité systématique à l’égard des débutants, mais plutôt une diversité de contextes et de procédures plus ou moins favorables à leur recrutement. Le rôle du diplôme dans le processus de recrutement est également analysé, ainsi que l’articulation complexe des critères de formation et d’expérience. L’enquête permet également d’évaluer les phénomènes de déclassement à l’embauche, et met en évidence le décalage entre mesure normative et perception par les employeurs. Une normalisation des attentes est à l’œuvre face à une main-d’œuvre jeune plutôt qualifiée, et tout se passe comme si un niveau de diplôme supérieur pouvait compenser une attente forte en termes de d’expérience professionnelle et de compétences techniques.
La troisième et dernière contribution se propose de rentrer dans la « boîte noire » de l’insertion. Que se passe-t-il une fois que le jeune a intégré l’entreprise ? Quels sont les facteurs qui contribuent à la stabilisation d’un individu dans un emploi et une entreprise donnés ? Le cadre théorique de la socialisation organisationnelle fournit une entrée originale pour répondre à ces questions. Cette approche observe une interaction concrète entre un salarié, un poste de travail, un groupe et une organisation. Ainsi, à partir d’une étude de cas multiple réalisée dans cinq PME, l’auteur identifie plusieurs origines aux difficultés d’appariement entre l’individu débutant et l’entreprise. Elles peuvent notamment provenir de conflits ressentis par les recrues et/ou les membres en place de l’entreprise concernant leurs comportements, normes et valeurs respectifs, ou encore du manque de disponibilité des salariés en place. Les conditions de l’intégration ne sont pas données.
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