Les langues régionales n’ont pas, en France, d’existence officielle. François Hollande s’est engagé, dans ses 60 propositions, à ratifier la Charte européenne des langues régionales, afin que les normes internationales sur la question puissent enfin s’appliquer.
La question des langues régionales ne manquera pas de revenir dans l’actualité des élections. La fondation Jean Jaurès revient ainsi opportunément sur cette question dans un essai de Armand Jung et Jean Jacques Urvoas. Téléchargement Essai sur langues et cultures regionales
La France, s’est construite grâce à une homogénéisation à marche forcée des différentes composantes du territoire. C’est à la suite d’un long processus, dont le commencement est marqué par l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539, que les langues et cultures régionales ont acquis leur statut marginal d’aujourd’hui.
Alors que seulement 1 % de la population parlait le français en 1533, combien de Français parlent encore aujourd’hui la langue de leur région ? Comment expliquer la position de la justice à l’égard de l’enseignement de ces langues ou de leur emploi dans les affaires publiques ? Face à la multitude des patois locaux, la monarchie avait fait le choix d’une langue officielle unique qui remplacerait le latin dans tous les actes de la vie publique. Mais cet objectif a également marginalisé les langues régionales, processus qui s’est accéléré avec la « victoire » des Jacobins sur les Girondins en 1793.
En effet, ceux-ci érigèrent le français en arme de combat politique, vecteur selon eux de progrès, de liberté et de vertu. Le symbole de cette «francisation » forcée fut la destruction organisée du breton. L’enseignement obligatoire instauré en 1881 assurera qu’aucun enfant n’échappe aux mailles du filet et le service militaire parachèvera ce processus sous la IIIe République.
A partir de 1945 néanmoins, un frémissement législatif laissera croire à un retour (certes très limité et dans le champ de l’enseignement uniquement) des idiomes régionaux. Cependant, seule la loi Deixonne de 1951 marquera un infléchissement en incitant (sans aucune mesure incitative ou contraignante par ailleurs) à l’enseignement du basque, du breton, du catalan et de l’occitan.
Le Conseil d’Etat, comme le Conseil constitutionnel, imposeront toujours une lecture très stricte du droit, arcboutés sur une lecture littérale de l’article 2 de la Constitution, qui dispose depuis la révision de 1992 que « la langue de la République est le français ». Ainsi, la France n’a jamais ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
Depuis que Nicolas Sarkozy a fait de l’identité nationale un thème récurrent du débat politique, la question des langues régionales est au point mort, comme si celles-ci, composantes de notre patrimoine, mettaient l’unicité et l’indivisibilité de la République en péril.
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