« Je romprai avec la « Françafrique », en proposant une relation fondée sur l’égalité, la confiance et la solidarité. » : c’est l’une des 60 propositions de François Hollande. Que peut on en dire au moment ou le Sénégal s’embrase, après la candidature invalidée de Youssou Ndour, et la validation au contraire de la candidature de Abdoulaye Wade par le Conseil constitutionnel ? Les mêmes difficultés électorales en cote d’ivoire avaient mis en lumière les difficultés de la France à établir de saines relations avec les pays d’Afrique et à sortir de complaisances coupables.
Cette note de Terra Nova propose des pistes
Certains pensaient que l'absence totale de curiosité de Nicolas Sarkozy envers l'Afrique allait permettre à la France de tourner la page d'un certain mode de relation avec le continent. Non seulement il n'en fut rien, mais on a assisté à une recentralisation vers l'Elysée de la politique africaine selon des modalités rappelant les années Foccart.
L’Afrique a connu des évolutions majeures durant la dernière décennie : raréfaction des coups d’Etat, éclosion économique, irruption des émergents… Elle est confrontée à d’importants défis : diversification de l’économie et industrialisation, déficit en ressources humaines bien formées, démographie, choix d’un développement respectueux de l’environnement. Face à ces transformations, la France demeure dans une posture de citadelle assiégée, refusant de s’engager dans une collaboration bilatérale avec ses partenaires européens.
Cette note s'attache à lancer des pistes pour une politique rationalisée, à même de servir les intérêts de la France et de l'Afrique sur le long terme :
- accepter le changement en Afrique, l’anticiper, l’accompagner, en favorisant l’émergence d’acteurs politiques de qualité, et un travail de fond vis-à-vis de la société civile, via par exemple le Fonds social de développement ;
- s’appuyer sur les relations sociales qui, à tous les niveaux, relient Français et Africains, et se sont effritées au fil des ans du fait d’une politique de visas restrictive, en réinventant le concept de codéveloppement ;
- penser les intérêts français à long terme, en aidant, avec l’Europe, l’Afrique à franchir un palier supplémentaire sur la voie de la démocratisation, en développant la démocratie concrète et les contre-pouvoirs, conditions indispensables pour un développement économique et humain ;
- refonder l’aide au développement, dans un contexte où la fin des annulations de dette massives va assécher l’aide « réelle » et reléguer la France au rang d’acteur de second plan, en organisant par exemple des « états généraux » impliquant tous les secteurs de l’Etat, des collectivités locales et de la société civile intéressés ;
- parler aux « Afriques » plutôt qu’à l’Afrique, en privilégiant les « sous-régions » regroupées dans des organisations cohérentes et solides pour certaines ;
- dans le domaine monétaire, mettre fin à la parité fixe avec l’euro au profit d’une parité flexible, à même d’éviter de réitérer l’ajustement brutal par dévaluation ;
- européaniser la présence en Afrique, en réengageant les partenaires européens, réticents à s’impliquer après des années d’une politique française consistant à faire financer par les Européens sa propre action d’influence en Afrique.
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