Avec sa circulaire du 31 mai 2011, qui restreint la possibilité pour les étudiants étrangers de changer de statut et d’obtenir une autorisation de travail après leur diplôme, le gouvernement a commis un contresens majeur,comme l'explique cette note de Terra Nova contraire à toute politique d’intégration. 25 000 diplômés étrangers de l’université et 8 000 élèves des grandes écoles sont dans le viseur.
Depuis dix ans, et en particulier depuis 2007, la doxa traditionnelle de la droite explique qu’il convient de réduire les flux migratoires pour garantir l’emploi des Français et des immigrés déjà présents et « mieux [les] intégrer ». Cette circulaire s’attaque maintenant aux diplômés de l’enseignement supérieur, soit à ceux qui justement, s’intègrent au plus vite dans le marché du travail.
Elle révèle clairement que les discours sur l’intégration ou l’immigration choisie n’ont été que du vent, et la carte « compétences et talents », créée par la loi du 24 juillet 2006, un gadget giscardien peu utilisé, avec seulement quelques centaines de bénéficiaires. La droite a perdu depuis longtemps le sens des intérêts de la France : quel meilleur moyen de créer du chômage, si ce n’est expulser les cadres à hauts potentiels dont le travail va justement créer les richesses et les emplois dont nous avons besoin ? Comment rendre la France peu attractive voire repoussante, en multipliant les embûches rendant tout investissement financier et humain peu opportun ? Comment enrichir les Etats-Unis, le Royaume Uni et le Canada des talents de demain ?
De fait, dans Le Monde du 7 octobre, Laurent Wauquiez, dont ce n’est pourtant pas le domaine de compétence, a indiqué que des instructions d’assouplissement de la circulaire allaient être envoyées aux préfets, sans que le texte soit abrogé. L’incohérence est totale. Ce n’est pas en ralentissant que l’on évite le mur, c’est en changeant de direction. Il faut retirer cette circulaire et changer de logique à propos des étudiants étrangers, qu’il faut désormais considérer comme une ressource pour nos universités, ainsi que le font les Australiens, et une chance pour notre pays comme les font les Américains.
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