En pleine crise de la dette dans la zone euro, les candidats aux primaires sont unanimes : la réponse à apporter est forcément politique. Ils prônent une plus grande intégration européenne, une hausse du budget de l’UE, une harmonisation fiscale ainsi que le développement de grands projets européens.
Terra Nova avec Debats2012.fr livre ici une analyse comparative des positions des candidats à la primaire sur les enjeux européens : Intégration européenne, Budget européen, Harmonisation fiscale et sociale, Régulation et développement économique, Couple franco-allemand, Frontières européennes
Retrouvez les positions de Martine Aubry, Jean-Michel Baylet, François Hollande, Arnaud Montebourg, Ségolène Royal et Manuel Valls sur l’Europe.
Sur ces Six enjeux , comment les résumer ?
- Intégration européenne : Tous les candidats militent aujourd'hui pour davantage d'intégration politique et économique dans l'UE. Un seul candidat aux primaires, Arnaud Montebourg, fut partisan du « non » en 2005. Il justifie cependant son choix au nom de son idéal fédéral et de son opposition à une Europe libérale et intergouvernementale. Jean-Michel Baylet est celui qui va le plus loin dans ce fédéralisme puisqu’il propose de transférer plusieurs compétences nationales au niveau européen, comme la politique budgétaire et d’immigration. Ségolène Royal, de son côté, insiste particulièrement sur la nécessité de réconcilier les citoyens avec l’Europe. « L’Europe a besoin de s’incarner », explique-t-elle. Pour ce faire, elle propose de créer un débat sur l’avenir de l’Europe par la voie d’un véritable referendum européen, s’adressant directement aux peuples des 27 États-membres. Elle veut aussi changer le mode de scrutin des élections européennes, avec des circonscriptions européennes et un vote pour les partis européens (PSE/PPE…).
- Budget européen : Cette plus grande intégration des pays européens doit s’accompagner pour tous les candidats d’une hausse du budget de l’UE. Dans la lignée du PS, Martine Aubry, François Hollande, Ségolène Royal et Manuel Valls estiment qu’il pourrait être abondé par une taxe sur les transactions financières européennes de 0,05%. Arnaud Montebourg parle d’un taux de 0,1% et souhaite aussi un impôt sur les bénéfices pour augmenter les ressources propres de l’Union européenne. Si François Hollande souhaite, comme le PS, lancer le débat à ce sujet, Jean-Michel Baylet affirme explicitement vouloir mettre en place un impôt européen. La taxe de 1% sur les transactions financières sur les dettes souveraines qu’il propose doit permettre de désendetter les Etats en difficulté.
- Harmonisation fiscale et sociale : A l’unisson du Parti socialiste, les candidats aux primaires militent pour un renforcement de l’intégration européenne en matière économique et sociale. Tous les candidats, dans la lignée du PS, prônent une harmonisation fiscale pour éviter la concurrence entre les Etats membres. Arnaud Montebourg veut mettre la convergence fiscale et sociale à l’agenda immédiat de l’Union européenne. Jean-Michel Baylet insiste notamment sur une assiette commune de l’impôt. Manuel Valls met l’accent sur un alignement de la TVA et Arnaud Montebourg sur celui de l’impôt sur les bénéfices. Au niveau social, le président de Saône-et-Loire met en avant la proposition socialiste d’instaurer un salaire minimum « Etat par Etat ». Ségolène Royal souhaite, de son côté, une directive pour éviter que les règles de concurrence ne s’appliquent aux services publics et prône une relance du dialogue social européen.
- Régulation et développement économique : En ce qui concerne le volet économique, le PS, Martine Aubry, Ségolène Royal et Manuel Valls insistent pour que la BCE ait comme objectif de relancer la croissance et l’emploi et non seulement de lutter contre l’inflation. Le maire d’Evry précise qu’elle devrait ainsi baisser ses taux d’intérêts pour relancer l’activité économique. Arnaud Montebourg souhaite de son côté que la BCE accepte une inflation « modérée » pour diminuer le poids de la dette. Les candidats veulent aussi renforcer les investissements au niveau européen dans les infrastructures et les secteurs d’avenir, comme le numérique ou la recherche. Ségolène Royal en fait même l’une de ses solutions pour réconcilier les citoyens avec l’Europe en leur prouvant que l’UE peut changer positivement leur quotidien. Avec Manuel Valls, elle insiste sur la mise en place d’un grand emprunt européen. Jean-Michel Baylet parle de son côté d’un plan économique et social prévoyant ces investissements. Le maire d'Evry insiste enfin sur la nécessité de mettre en œuvre les objectifs de la stratégie de Lisbonne qui doivent faire de l’Europe « l’économie de connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde ». Arnaud Montebourg insiste pour sa part sur la nécessité d'une Union renforcée des Etats européens des énergies renouvelables et durables, ayant pour objectif d’assurer à terme l’indépendance énergétique verte de l’Europe.
- Couple franco-allemand : En accord avec le projet socialiste, les candidats aux primaires veulent relancer le couple franco-allemand, nécessaire selon eux pour avancer dans l’intégration européenne. Martine Aubry souhaite un dialogue renforcé avec le SPD et c'est au niveau bilatéral qu'elle souhaite d'abord instaurer une "agence franco-allemande de l’énergie", premier pas vers une Communauté européenne des énergies. Ségolène Royal parle de son côté de la mise en place d’un ministère de l’Economie franco-allemand pour donner l’impulsion d’une gouvernance économique européenne. Pour résorber les déséquilibres internes à l’UE, François Hollande propose un pacte entre les deux pays où, pour donner le cap, la France, comme les Etats endettés à sa suite, s'engagerait à réduire son déficit, alors que l'Allemagne, comme les pays exportateurs, ensuite s'engagerait à réduire ses excédents commerciaux. Arnaud Montebourg veut une « grande explication » avec l’Allemagne pour affirmer les positions françaises tandis que, de son côté, Manuel Valls souhaite trouver un compromis sur les questions économiques. Les deux candidats insistent également sur la nécessité d’une plus grande intégration entre les deux pays. Arnaud Montebourg souhaite nouer des partenariats industriels dans 20 secteurs clés. Manuel Valls évoque d’autres propositions comme la consultation systématique de l’Allemagne avant tout vote de la France au Conseil de sécurité de l’ONU ou la nomination d’ambassadeurs communs.
- Frontières européennes : Les candidats se sont tous positionnés sur la question des frontières européennes et notamment celle de l’entrée de la Turquie en Europe. Jean-Michel Baylet, Arnaud Montebourg et Manuel Valls y sont clairement favorables. Le président du PRG milite de surcroît pour une entrée des pays des Balkans tandis que le président de Saône-et-Loire évoque celle de l’Albanie et de la Bosnie-Herzégovine. Jean-Michel Baylet estime toutefois que les nouveaux élargissements ne pourront se faire avant la réforme institutionnelle qu’il défend. Martine Aubry, François Hollande et Ségolène Royal souhaitent de leur côté que le processus de négociations en cours avec la Turquie suivent son cours selon les conditions fixées par l’UE.
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