A l'heure où le débat national sur le 5ème risque est lancé, avec un faible écho alors qu’il sera sans doute un des thèmes des prochaines élections Présidentielles, la sixième édition du Baromètre TNS Sofres sur « les Français et le grand âge», réalisée à l'initiative de la Fédération hospitalière de France (FHF) en partenariat avec le Mensuel des maisons de retraite, laisse apparaître clairement l'incapacité des Français à faire face à la dépendance liée au grand âge.
En effet, alors que les projections de l'INSEE font apparaître que la France comptera environ 1,4 millions de personnes âgées en perte d'autonomie en 2040, près de sept Français sur dix (67%) jugent qu’à l’heure actuelle la prise en charge des personnes âgées par les pouvoirs publics en France n’est pas satisfaisante. Ce sentiment de déficit de politique publique est probablement alimenté par le manque d’information perçu sur l’accompagnement des personnes âgées en fin de vie et les soins palliatifs. Seul un peu plus d’un tiers (35%) de la population se dit bien informé sur le sujet.
55% des Français déclarent aujourd'hui qu'ils ne se sentiraient pas capables de prendre en charge une personne âgée dépendante de leur entourage, en perte d'autonomie physique ou psychique. Plus d'un sur quatre (28%) se disent même totalement démunis. Un sentiment d'impuissance personnelle aggravé par l'incapacité déclarée de 42% des répondants à pouvoir faire face au coût moyen mensuel que représenterait un hébergement en maison de retraite.
Ces résultats rendent encore plus criants la nécessité urgente d'une mise en place de moyens adaptés et d'actions concrètes, afin par exemple de régler la question du reste à charge trop élevé pour les résidents en maisons de retraite et leur famille, mais aussi de proposer des solutions en établissements et à domicile pour mieux couvrir les besoins des personnes âgées en perte d'autonomie.
Autre question abordée par le baromètre, les maisons de retraite : si une mauvaise image persiste (pour 52 % des Français), les raisons en sont diverses. Ainsi pour 97% des personnes interrogées, le coût constitue une charge importante ; pour 84% c'est le manque de places qui pose problème ; enfin 83% des Français estiment ainsi que les personnes âgées ne souhaitent pas aller en maison de retraite, et 77% qu'on y met ses parents à contrecœur, par un choix contraint. Des résultats que l'on retrouve en écho dans les fortes attentes des Français, notamment vis-à-vis des engagements pris par l'Etat dans le cadre du Plan solidarité grand âge.
Alors que les moyens actuels donnés aux maisons de retraite sont pointés du doigt car clairement en décalage et insuffisants par rapport aux exigences légitimes formulées par les familles, les Français plébiscitent la réponse humaine. Parmi les moyens qu'ils réclament le plus fréquemment (au total 59 %) figurent en effet : des personnels qualifiés supplémentaires, un encadrement renforcé des personnels, la présence d'un personnel médical permanent ou encore la mise en place de structures d'écoute et d'accompagnement des personnels.
Une requête forte des Français, reflétée par ailleurs par la bonne image qu'ils ont des métiers d'aide et de prise en charge des personnes âgées, puisque 64% d'entre eux conseilleraient à l'un de leurs proches ou à leurs enfants de choisir cette orientation.
Pouvoir assumer financièrement la charge d'une personne âgée dépendante, augmenter le nombre des places en maisons de retraite, avec un accompagnement qualifié et des personnels en nombre suffisant, ... les attentes des Français sont à la hauteur de leurs inquiétudes et de l'enjeu crucial que représente la prise en charge du grand âge. Des attentes qu'ils espèrent voir se concrétiser rapidement, par le biais notamment de la création d'un 5ème risque de la protection sociale, aux côtés de la maladie, de la famille, des retraites et des accidents du travail.
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