Créer une ligne Caen/Londres concurrente de la ligne Deauville /Londres, et dans le même annoncer de la fusion des Chambres de commerce de Haute et Basse Normandie : quelle cohérence ?

La question des limites territoriales d’une institution est par nature une question permanente, tant il est vrai que l’action humaine, l’action publique évolue dans le temps, alors que les limites administratives sont fixées.

Lorsqu’il s’agit de phénomènes naturels, comme par exemple la question de l’eau, l’inscription dans un territoire pertinent –le bassin versant- ne pose pas problème . Pour l’action des institutions, au sens le plus large du terme, les limites territoriales ne doivent pas être figées, et fixées en fonction des projets.

Dans un autre registre, les communes et l’intercommunalité ont fait beaucoup progresser les services rendus et la mutualisation des couts : ces coopérations territoriales sont encore en train de s’adapter !

La réunification annoncée des chambres de commerce de Haute et Basse Normandie, est  en elle même, intéressante. Mais il faut savoir pour quel projet au service des entreprises ; il faut savoir pourquoi alors maintenir une douzaine de chambres locales, alors que les chambres régionales ont maintenant la tutelle sur les chambres locales : l’argument de la proximité mérite peut être d’être étudié. Faute de réponse, une telle annonce ne serait qu’une digression, un effet d’affichage. Vouloir simplement être une « grosse » chambre régionale, devant la Bretagne, est un peu court, comme justification !

Car ce qui surprend le plus, c’est que dans le même temps, deux chambres de commerce locales s’engagent dans une concurrence surprenante alors qu’elles sont à une soixantaine de kilomètres l’une de l’autre. En effet la chambre de Caen vient d’annoncer la création d’une ligne aérienne Caen/Londres, alors que la chambre du Pays d’Auge avec le soutien des deux conseils régionaux de Haute et Basse Normandie, sur l’aéroport régional de Normandie- Deauville a déjà crée la ligne Deauville/Londres ! Comme dit très bien Alain LeVern « l’ouverture d’une telle liaison ne serait pas un bon exemple de gestion de l’argent public et constituerait une concurrence contre productive ». Je doute qu’il y ait la place pour deux lignes avec la même destination: Au final les deux lignes risquent de disparaître !!

Le rapprochement, la coopération, la fusion d’institutions peuvent être salutaires sur la base de projets partagés : le faire sur des bases idéologiques conduit à l’échec, car la réalité reprend très vite le dessus !