L’entrée dans la société tertiaire bouleverse les modes de vie familiaux. S’appuyant sur une rigoureuse approche statistique, Laurent Lesnard évoque l’éclatement des familles que produit l’effervescence d’emplois du temps atypiques. Si la démonstration est convaincante, l’interprétation du phénomène proposée par l’auteur est loin d’aller de soi pour Christophe GIRAUD dans l’analyse qu’il en fait pour la vie des idées.
L’ouvrage de Laurent Lesnard, « La famille désarticulée. Les nouvelles contraintes de l’emploi du temps", Paris, PUF , propose une lecture des transformations de la vie familiale évaluée au prisme des évolutions de la société salariale. La thèse peut se résumer ainsi : l’augmentation du taux d’activité féminine, principalement dans le secteur des services, conduit à rendre plus complexe la gestion de la vie quotidienne des familles et, à terme, à fragiliser le lien conjugal et la construction identitaire des individus. En cause le marché du travail et ses exigences, qui conduisent parfois à des situations où hommes et femmes finissent par se croiser au quotidien sans se voir.
Deux assertions sont donc à distinguer : celle du lien entre les évolutions du marché du travail et les tensions sur les emplois du temps des membres de la famille (ces emplois du temps seront alors plus ou moins concordants, ou synchronisés) ; celle de la relation entre une certaine désynchronisation entre les conjoints et la «fragilisation du lien familial ». Si la première assertion est démontrée de façon très convaincante dans l’ouvrage, la seconde en revanche prête à discussion.
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