Si nous voulons comprendre la condition actuelle de l’altermondialisme, nous devons nous intéresser à ce qui se passe au-delà de l’Hexagone. C’est ce qu’affirme Geoffrey Pleyers, dans sa réponse à Eddy Fougier, qui dans un récent article témoignait d’une approche étroitement franco-française d’un phénomène mondial.
Se prononcer trop rapidement sur un déclin global du mouvement reviendrait à oublier que l’altermondialisme est porté à différents degrés par des acteurs variés et qui se développent dans des contextes bien différents. Cela reviendrait surtout à oublier que, davantage que dans les acteurs ou les forums sociaux, c’est dans les idées qu’il a portées et dans les enjeux sociétaux qu’il a pointés que réside l’altermondialisme.
Ceux qui l’ont identifié avec certains personnages ou partis politiques en reviendront immanquablement déçus, comme ce fut le cas de plusieurs mouvements latino-américains. Ceux qui ont trop directement identifié le mouvement à l’une ou l’autre organisation (comme ATTAC-France) ou à quelques leaders intellectuels verront le mouvement décliner avec les déboires de ces acteurs.
Par contre, les significations centrales qui sont ou ont été portées par les acteurs de l’altermondialisme demeurent d’une grande actualité. Le mouvement altermondialiste a fait émerger un débat autour de thèmes souvent peu discutés, notamment dans le domaine économique, et dont l’impact est pourtant important sur la vie des habitants de la planète. Face à la mondialisation longtemps pensée comme la domination d’un système économique sans acteur, les altermondialistes ont insisté sur la possibilité d’agir à différents niveaux (local, national, continental et global) et sur la nécessité de développer un espace public et une citoyenneté au niveau mondial.
Autant d’éléments qui seront essentiels pour les mouvements contestataires et progressistes de ce début de 21ème siècle, indépendamment de l’étiquette «altermondialiste » à laquelle ils choisiront ou non de se rattacher.
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