Les statistiques des demandeurs d'emplois, publiées par le Pôle Emploi, font l'objet d'un choix sélectif du ministère des finances, qui retient les 2,7 millions de demandeurs de "catégorie A", et non les 3,9 millions des catégories "A, B et C".
Selon Stéphane Jugnot, statisticien-économiste,dans une note de Terra Nova, il est temps de mettre fin à cette distinction : la catégorie A ne peut plus aujourd'hui prétendre refléter seule l'activité réelle du service public de l'emploi. La France compte-t-elle 2,7 ou 3,9 millions de chômeurs, soit presque 50% de plus ? Les médias s’y perdent. Les chiffres circulent, les sigles se croisent et les analyses divergent, jusque chez les institutionnels de l’information statistique.
Les différentes catégories de chômeurs n’évoluent pas au même rythme, ni parfois dans le même sens, jetant progressivement le doute sur les évolutions du chômage en France.
En se limitant à la seule catégorie A, on laisse pourtant accroire que les autres demandeurs d’emploi ne sont pas tout à fait des « vrais » demandeurs d’emploi, alors même qu’ils ont les mêmes obligations et les mêmes droits.
Prendre en compte les demandeurs d’emploi inscrits en catégorie « ABC », c’est prendre en compte la réalité de l’activité du service public de l’emploi, de ses inscriptions et de ses sorties, mais c’est aussi mettre en avant la réalité du chômage de longue durée, qui se mesure actuellement sur l’ensemble de ces catégories.
En ne retenant pas les bons indicateurs, le risque est que le nombre de demandeurs d’emploi qui s’imprime dans les esprits s’éloigne de plus en plus de la réalité. La perception de la dégradation du marché du travail s’en trouve ainsi minorée, avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur les moyens que notre pays est prêt à accorder au service public de l’emploi et à la lutte contre le chômage. La France compte bien, aujourd’hui, 3.9 millions de chômeurs, et non 2.7.
Mieux mesurer, c’est mieux agir.
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