Le Manifeste « L’avenir de l’Europe passe par la Recherche et l’Enseignement supérieur » vient d’être présenté aujourd’hui.
La politique européenne de recherche et d'enseignement supérieur conduite ces dernières années est un échec . L’Europe n’a pas comblé son retard par rapport aux Etats-Unis. L’effort de recherche européen représente moins de 2% de son PIB alors que les Etats-Unis y consacrent près de 3%.
Les politiques de recherche menées à l'échelle de l'Union doivent être réorientée et être plus ambitieuses. L’Europe doit placer l’enseignement supérieur et la recherche au cœur de son développement.
Ce manifeste pose les bases d'une nouvelle politique. Celle-ci repose sur le développement du savoir, de la recherche fondamentale et de l'innovation. Elle vise à favoriser les coopérations entre les institutions nationales, augmenter les possibilités offertes aux étudiants et aux chercheurs de travailler dans d'autres pays européens. Cette nouvelle orientation politique est soutenue par le Parti Socialiste Européen (PES) et par les candidats socialistes aux élections européennes de juin 2009, mais aussi par des scientifiques.
Les signataires de ce manifeste s’engagent à agir au sein de l’Union, et en premier lieu du Parlement Européen, pour que celle-ci se saisisse des débats sur la politique de recherche et d'enseignement supérieur dont elle est trop souvent exclue. Dans un an, ils feront le bilan des actions menées et de leurs résultats.
Changer l'Europe : ce ne sont pas des mots, mais un projet, une nécessité. Les signataires, en s'engageant pour une politique volontariste en faveur de l'enseignement supérieur et de la recherche, donnent un avenir à l'Europe, quand d'autres se résignent à son affaiblissement.
Pour signer le Manifeste : [email protected]
Pour lire le manifeste
MANIFESTE : L’avenir de l’Europe passe par la Recherche et l’Enseignement supérieur
Le savoir doit être remis au cœur de l’Europe. La recherche et l’enseignement supérieur sont les fers de lance de cette reconquête.
Si la recherche doit continuer à dynamiser nos économies par les innovations qu’elle engendre, si l’enseignement supérieur doit y contribuer par les formations et les qualifications qu’il offre, leurs missions ne peuvent se réduire à ces seuls objectifs économiques. L’Europe que nous voulons doit réaffirmer avec force que la science est émancipatrice et permet à chacun d’analyser, de comprendre et de s’adapter librement au monde complexe et en perpétuelle mutation qui l’entoure.
La politique européenne, et en particulier le processus de Lisbonne, n’ont pas pris cette direction. Cette politique s’est focalisée sur l’innovation et insuffisamment sur la recherche fondamentale. Elle n’a conduit ni à un investissement suffisant à l’échelle européenne, ni à un engagement plus fort des Etats. Elle n’a pas non plus assuré les conditions de la mobilité souhaitée des étudiants et des chercheurs à l’échelle des individus.
La crise que nous vivons est économique, environnementale et sociétale. Elle impose à l’Europe un effort beaucoup plus résolu. En signant ce manifeste, nous prenons un engagement solennel. Chacun dans notre rôle : élus européens, responsables institutionnels, universitaires et chercheurs, citoyens des 27 pays de l’Union européenne, nous agirons dans les semaines et mois qui viennent pour mettre en œuvre une nouvelle politique de la Recherche et de l’Enseignement supérieur.
Quatre principes guideront notre action :
- Une Europe construite sur la coopération des universités et des laboratoires de recherche, et non sur leur mise en concurrence systématique ;
- Une Europe garantissant la liberté d’initiative scientifique, l’indépendance à l’égard de tous les pouvoirs, la liberté de recherche, d’enseignement et de formation ;
- Une Europe permettant à ses citoyens de comprendre et de participer à la définition des grandes orientations scientifiques et technologiques qui engagent notre avenir commun ;
- Une Europe aux engagements durables, assurant la pérennité des collaborations et des projets.
Le Parlement européen devra s’approprier pleinement cette politique ambitieuse et en fixer les objectifs. Ils seront ensuite mis en place avec les institutions nationales, dans le cadre de nouveaux contrats entre celles-ci et la Commission européenne.
Le budget de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur, cet investissement pour l’avenir commun, doit devenir une vraie priorité communautaire. Le financement dédié à ce secteur doit être considérablement augmenté et ne plus être laissé à la libre appréciation de chaque Etat.
La mise en concurrence des scientifiques a favorisé la multiplication de projets parfois redondants. L’élaboration des appels à projets et l’évaluation opaque des activités scientifiques ont produit une bureaucratisation étouffante. Une nouvelle politique incitative forte devra être menée pour simplifier le système et favoriser la coopération directe entre établissements de plusieurs pays, éventuellement regroupés dans des pôles territoriaux.
Les moyens financiers indispensables à une véritable mobilité des chercheurs et des étudiants devront être dégagés. Chaque chercheur pourra tous les 6 ans passer au moins un semestre dans un laboratoire européen. Le nombre de bourses Erasmus et Marie Curie sera doublé. Tout doctorant pourra passer au moins trois mois dans une institution d’un autre pays.
L’Europe d’aujourd’hui a besoin de 700 000 chercheurs supplémentaires. Des incitations seront créées pour augmenter le nombre de docteurs et améliorer leurs débouchés dans le secteur privé comme dans le secteur public.
Notre avenir commun dépend des orientations scientifiques que nous choisirons. Le Parlement européen devra se saisir de ces débats et créer les structures démocratiques permettant aux citoyens de s’y engager. L’Europe est à la croisée des chemins. Soit elle se recroqueville et s’enferme dans une politique qui la fragilise, soit elle a confiance en elle-même et prend une nouvelle direction. Nous nous engageons résolument dans la deuxième voie.
Nous construirons l’Europe du savoir, alors que les droites européennes, qu’elles soient libérales ou démocrate-chrétiennes, ont un bilan désastreux dans ce domaine comme dans d’autres. Cet engagement n’est pas de circonstance : nous agirons dès demain dans les directions présentées dans ce manifeste, et rendrons compte de notre action dans un an. Un an pour changer de politique, un an pour donner un futur à l’Europe.
Premiers signataires :
Pouria AMIRSHAHI, secrétaire national PS aux Droits de l’Homme
Martine AUBRY, 1er secrétaire du Parti socialiste
Kader ARIF, député européen
Enric BANDA, professeur, Espagne
Alain BENETEAU, vice-président Région Midi-Pyrénées en charge de la recherche et de l’enseignement supérieur
Vincent BERGER, président de l’université Paris Diderot
Pascal BINCZAK, président de l’université Paris 8
Jean-Paul BRASSELET, directeur de Recherche au CNRS
Philippe BUSQUIN, député européen, ancien commissaire européen à la recherche
Jean-Christophe CAMBADELIS, député PS, secrétaire national aux questions internationales
Pierre COHEN, député PS, maire de Toulouse
Philip CORDERY, secrétaire général du Parti socialiste européen
Christiane DEMONTES, sénatrice du Rhône, Maire de Saint-Fons
Claire EDEY, maître de Conférences en Gestion
Roger FOUGERES, vice-président Région Rhône-Alpes, délégué à l’enseignement supérieur et à la recherche
Gérard FUCHS, ancien député européen, ancien directeur de recherche au CNRS
Dominique GAMBIER, vice-président Région Haute Normandie, chargé de l’action économique et de la recherche
Pierre IZARD, président du Conseil Général de Haut-Garonne
Catherine JEANDEL, directrice de recherche au CNRS
Pierre JOLIOT, biologiste, professeur Honoraire au Collège de France
Axel KAHN, médecin généticien, président de l’université Paris 5-Descartes
Jean KOENIG, ingénieur d’études à l’INRA
François LAMY, député PS, maire de Palaiseau
Martin MALVY, président socialiste du conseil régional de Midi-Pyrénées
Bertrand MONTHUBERT, secrétaire national PS à la recherche et l’enseignement supérieur
Rémy MOSSERI, directeur de recherche CNRS
Poul RASMUSSEN, président du Parti socialiste européen
Pierre ROSANVALLON, professeur au Collège de France
Jean ROSSIER, membre de l’Académie des Sciences, professeur ESPCI
Michel TROYON, professeur Université de Reims
Didier VIEAU, professeur de Physiologie Animale, Université des Sciences et Technologies de Lille
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