Je reproduis un article Thomas Ferenczi “ La politique sociale au ralenti”, publié dans le Monde du 14 mars 2008, qui fait un point interessant sur la politique sociale en Europe ou plutot sur l’absence de politique actuellement . “Les socialistes ont choisi la réunion du Conseil européen, rendez-vous trimestriel des chefs d’Etat et de gouvernement, des 13 et 14 mars à Bruxelles, pour relancer la controverse sur la dimension sociale de l’Union. L’attaque a été déclenchée par le président du groupe socialiste du Parlement européen, Martin Schulz, et dirigée contre José Manuel Barroso, président de la Commission, dont “l’inaction” a été déclarée “inacceptable” face aux revendications des “citoyens d’Europe”. Ceux-ci, selon M. Schulz, “veulent que l’on agisse contre l’exploitation, l’injustice,l’insécurité et l’exclusion”. Le chef de file des eurodéputés socialistes demande au Conseil européen de “prendre ses responsabilités” en adoptant des mesures pour renforcer “l’intégration et la protection sociales”, assurer le respect de “normes sociales minimales” et augmenter le rôle des services publics. L’offensive socialiste contre M. Barroso s’inscrit dans le jeu normal des affrontements politiques, un peu plus d’un an avant les élections européennes et le renouvellement du mandat de la Commission. Mais elle souligne, à juste titre, les insuffisances de la stratégie économique de l’Union, au moment où ses dirigeants vont en évaluer les résultats et les perspectives. Cette stratégie, connue sous le nom de stratégie de Lisbonne parce qu’elle a été approuvée en 2000 dans la capitale portugaise, vise à accroître la compétitivité des économies européennes face à la concurrence internationale. M. Barroso en a fait la priorité des priorités pour l’Union lorsqu’il a succédé à Romano Prodi en 2004 à la présidence de la Commission. Ce programme comporte aussi un volet environnemental et un volet social. Même si les socialistes le voudraient plus ambitieux, le volet environnemental n’a pas été oublié par la Commission, qui vient de lancer un vaste plan de lutte contre le réchauffement climatique et s’efforce d’y rallier les Etats membres. En revanche, le volet social n’a pas fait l’objet des mêmes efforts. Selon la plate-forme des ONG européennes du secteur social, le sommet de Bruxelles offre “une dernière chance” aux dirigeants européens pour montrer aux citoyens que “l’Union européenne prend au sérieux ses engagements sociaux”. D’importants projets de directive, en discussion depuis longtemps, sur la durée du travail ou les droits des travailleurs intérimaires sont en panne. Après de longues consultations, la Commission vient d’inviter les partenaires sociaux à discuter de la révision de la directive sur les comités d’entreprise européens, vivement réclamée par la Confédération européenne des syndicats (CES). D’autres initiatives sont attendues. Le moins qu’on puisse dire est que l’Union se hâte lentement. “Le social, un luxe superflu ?”, demande l’association Notre Europe dans son dernier bulletin. Le laboratoire de pensée fondé par Jacques Delors et présidé par le ministre italien des finances, Tommaso Padoa-Schioppa, s’inquiète de l’approche “minimaliste” dont témoignent les institutions européennes dans ce domaine. Il estime également “très préoccupant” le “tournant” pris par la Cour de justice européenne dans ses récents arrêts “Viking” et “Laval”. Ceux-ci ont donné tort aux syndicats face à ces deux entreprises, dont l’une, finlandaise, avait placé un de ses navires sous pavillon estonien pour réduire ses coûts salariaux et dont l’autre, lettone, refusait d’appliquer à ses salariés détachés en Suède la convention collective du bâtiment de ce pays. Notre Europe dénonce “une vision dans laquelle le social découle de l’économique” et défend l’idée d’”une certaine autonomie du social par rapport à la sphère économique”. La construction d’une Europe sociale est à ce prix.”
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