Après Martine Aubry sur la culture à Avignon (« j’augmenterai le budget de la culture de 30 à 50%»), François Hollande a fait une sortie malheureuse en « annonçant la création de 70000 postes d’enseignants ». Ces coups politiques sont des erreurs, pourquoi ?
Un chiffre dans un budget c’est précis : il ne peut pas porter que sur un aspect des dépenses, car une dépense doit être financée ! Quand on veut chiffrer il faut le faire globalement. Il ne faut pas donner le sentiment que l’on « joue » avec les milliards, que l’on répond aux attentes supposées d’une clientèle électorale.
L’éducation doit être pour la gauche une priorité , mais ne doit pas être instrumentalisée : il faut cesser l’hémorragie des postes , mais il y a d’autres aspects tout aussi importants : la formation des enseignants, leur statut et leur rémunération, le contenu de l’enseignement et les moyens matériels qu’on lui donne…Ceci suppose un contrat avec le pays et les enseignants, une programmation négociée, plus que des promesses ponctuelles !
La surenchère sur la dépense publique dans la période est dangereuse car elle laisse croire que la dette peut s’alourdir ou que les impôts augmenteront pour y répondre. Ceci l’est d’autant plus que nos deux candidats ne donnent pas l’impression de vouloir avancer sur la réforme fiscale . Comme le dit dans Libération, Thomas PIKETTY, « C’est d’autant plus regrettable que Martine Aubry semble vouloir repousser après 2012 la grande réforme fiscale sur laquelle les socialistes sont supposés être tous d’accord (fusion CSG-IR pour mettre en place un grand impôt progressif sur le revenu), mais qui en vérité reste très floue à ce stade. François Hollande évoque davantage le sujet, mais n’a pas encore dit comment il comptait s’y prendre pour réaliser cette réforme. Les deux candidats avaient promis de donner des précisions pour la rentrée. Le premier tour de la primaire socialiste aura lieu le 9 octobre. Peut-être le moment est-il venu de se jeter à l’eau ? »
Ils ne semblent pas avoir pris la mesure que nous vivons la crise d’un système, et qu’il faut répondre à la financiarisation croissante de l’économie, par la réforme des banques, par la lutte contre la spéculation,…, et relancer la production de richesse sans laquelle la dette ne fera que croitre.
Comme le note le Nouvel Observateur, la posture adoptée par Hollande et Aubry énerve les "économistes atterrés". "Nous ne pensons pas que la gauche doit reprendre le discours de la droite sur l'austérité budgétaire. Il faut adopter des mesures fortes contre la mondialisation des échanges commerciaux et financiers qui ruinent les Etats", lance Henri Sterdyniak, l'un des chefs de file du manifeste signé par 1 000 chercheurs et enseignants.
Dans son contrat avec la Nation, Ségolène ROYAL le dit clairement : « Face à la crise et à l’explosion des inégalités, je ferai inscrire dans la Constitution la règle d’une bonne gestion des fonds publics. Elle comprend la juste répartition des efforts, la contribution équitable du capital et du travail, la garantie des ressources pour la Sécurité Sociale, la lutte contre la fraude et les gaspillages. Je m’engage à réduire la dette et à associer les Français à la réforme pour la justice fiscale, sans augmenter les impôts. »
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