Le « Manifeste de Ventotene » est l'un des textes fondateurs du renouveau fédéraliste tel qu'il s'est cristallisé, en Europe, aux lendemains de la seconde guerre mondiale. Ce document est principalement l'oeuvre d'un homme politique exceptionnel, venu de la Gauche communiste : l'italien Altiero Spinelli. Militant et dissident anti-fasciste venu de la gauche, arbitrairement condamné par le pouvoir mussolinien à l'age de vingt ans, en 1927, à seize ans de détention policière dans des lieux divers : tout d'abord au pénitencier des îles Pontines : dans l'île de Ponza (en 1938-1939) puis sur l'île voisine de Ventotene (en 1939-1943).
Ce manifeste remet en cause l'Etat national, le considérant comme étant devenu la cause principale des guerres en général, et de la deuxième guerre mondiale en particulier. Un Etat national éminemment critiquable dans la mesure où la seule réponse qu'il semble décidément pouvoir apporter à ses déchirements sociaux internes soit la « diversion » et le « dérivatif» bien commodes, mais en aucun cas remède de nouveaux conflits internationaux.
En résumé, les auteurs de ce manifeste y indiquent que la priorité stratégique des véritables militants progressistes devra être, pour réformer efficacement la société d'après-guerre, la lutte pour la fédération européenne plutôt que la conquête du seul pouvoir national, dans l'espoir illusoire d'une très hypothétique transformation progressiste de l'Etat national. Ce n'est donc pas tout à fait un parfait hasard si ce manifeste sera par la suite adopté comme programme du « Mouvement fédéraliste européen » (MFE) fondé par Altiero Spinelli à Milan, à la fin août 1943.
Un retour en arrière qui mérite réflexion et débat (surtout à gauche !) en cette période de préparation ( encore bien silencieuse !) des élections européennes
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