Dans une note publiée par Télos, Hervé Boulhol évoque la question de la mondialisation et des inégalités.
La nature des inégalités a changé au cours des trente dernières années. Les économistes ont longtemps sous-estimé la responsabilité de la mondialisation, mais un certain nombre d'évolutions tendent à corriger cette interprétation. Il faut donc s'interroger sur les moyens de prendre en compte cette réalité plutôt que de diaboliser la mondialisation. [ ... ]
Le développement des nouvelles technologies détruit des emplois routiniers (employés de bureau, opérateurs et contrôleurs de machines, certaines tâches administratives, etc.) qui se situent au milieu de l'échelle des qualifications et des revenus. [ ... ]
Jusqu'au milieu des années 1990, les importations en provenance des pays émergents, bien qu'en expansion, étaient trop faibles rapportées au revenu national pour avoir un impact important. Or, au cours des quinze dernières années, la part de ces importations dans le PIB des Etats-Unis est passée de 2% à 5%. Dans le même temps, cette part est passée de 4% à 8% pour l'Europe à quinze. Ensuite, l'explication par l'externalisation à l'étranger et les délocalisations est tout à fait compatible avec la polarisation du marché du travail dans la mesure où les emplois du bas de la distribution, dits non-routiniers manuels, sont plutôt abrités de la concurrence étrangère, en tout cas en l'absence de réelle libéralisation des échanges de services. [ ... ]
La libéralisation commerciale et les possibilités de délocaliser affaibliraient le poids des syndicats dans les négociations. [ ... ]
On ne peut pas détruire les connaissances, et personne ne songe à s'opposer à la propagation de l'informatique. Dans ce contexte, la globalisation est le coupable idéal dans la mesure où des décisions protectionnistes, teintées plus ou moins consciemment de xénophobie, peuvent en inverser le cours.
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