Hervé Joly dans une récente note de Télos essaie de répondre à cette question. Les scandales autour des rémunérations ou des indemnités versées aux dirigeants de grandes entreprises se multiplient. … Mais il a fallu une crise grave pour que ces revenus considérables fassent véritablement débat. ….
Toutes les élites ne bénéficient pas des mêmes avantages : un conseiller d’État ou un professeur au Collège de France gagne au maximum cinq fois le SMIC, sept ou huit fois avec les primes. Rien de commun avec le directeur général de l’Oréal qui a gagné, sans compter le rendement considérable de ses stocks options, plus de 250 fois le SMIC en 2007, soit 20 ans de salaire d’un smicard par mois….
Les vedettes du cinéma ou de la chanson ne peuvent guère être comparées à des managers : ils sont plutôt assimilables à des entrepreneurs individuels qui engrangent des bénéfices en fonction des ventes de leur production. Les vedettes du sport sont, en tant que salariés exclusifs d’un club, dans une situation plus proche des managers. …
On dit souvent que les rémunérations très élevées seraient, comme pour les sportifs, une nécessité pour que les entreprises françaises conservent leurs meilleurs dirigeants. Or peut-on repérer un phénomène semblable de fuite des talents ? Il ne se trouve pas ces dernières années d’exemple d’un PDG d’une entreprise du CAC 40 qui aurait été débauché par une entreprise étrangère. …
Mais, dira-t-on, si les enchères ne jouent pas à l’échelle internationale, elles peuvent jouer entre les entreprises françaises, chacune devant suivre les autres à la hausse de peur de perdre ses meilleurs dirigeants….. Or, là encore, il n’en est rien. On est bien en peine de trouver un PDG d’une entreprise du CAC 40 qui en aurait rejoint une autre pour des raisons financières. …..
Ce constat amène à s’interroger sur la valeur exceptionnelle de ces PDG qui justifierait en dernier ressort leur rémunération. Ils ne sont pas auteurs de performances personnelles qui peuvent leur être attribuées de manière aussi nette que celles des sportifs. … Si ces hommes ont brillé, c’est d’abord par leur capacité à se faire remarquer et à intégrer les bons réseaux…. C’est ailleurs qu’il faut aller chercher les raisons de ces rémunérations considérables, dans la répartition du pouvoir au sein des entreprises….C’est ce jeu fermé qui génère ces rémunérations délirantes. …
Certes, aussi bien les actionnaires, les salariés ou les consommateurs n’auraient pas grand-chose à gagner à une baisse massive des salaires dirigeants, ceux-ci ne représentant qu’une faible part de l’ensemble des bénéfices distribués, de la masse salariale ou du chiffre d’affaires (respectivement 0,5, 0,1 et 0,02 % pour le directeur général de l’Oréal…). Mais cela contribuerait à une meilleure cohésion sociale, à la fois au sein de l’entreprise et dans la société en général.
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